Maître Michelle Dayan, avocate inscrite au barreau de Paris et leader de l’association, affirme sur 42mag.fr que l’affaire qui commence lundi devant la cour d’assises de Gironde est un exemple typique que l’on pourrait utiliser dans un cours de droit. Elle évoque ainsi le procès du meurtre de la jeune femme, soulignant la complexité et les enjeux juridiques qu’il présente.
Dans le dossier concernant Chahinez Daoud, Me Michelle Dayan, avocate à Paris et présidente de Lawyers for women, une organisation d’avocats engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, a affirmé sur 42mag.fr le lundi 24 mars que toutes les caractéristiques d’un féminicide prévisible étaient présentes. Le procès du meurtrier de cette jeune femme débute ce lundi devant la cour d’assises de Gironde. Chahinez Daoud a été tragiquement brûlée vive par son partenaire en pleine rue de Mérignac après avoir demandé la dissolution de leur mariage. Cet acte abominable a suscité une vague de chagrin et de colère à travers le pays.
Me Michelle Dayan a expliqué que « cette affaire est un cas d’école pour les étudiants en droit : toutes les conditions légales étaient réunies ». Elle souligne que cette situation illustre parfaitement les imperfections de la réponse policière et judiciaire dans ce genre de situation. Prenons, par exemple, le cas où un policier, précédemment condamné pour violences domestiques, a pris la déposition de Chahinez Daoud, victime de violences récurrentes de son époux.
Le récit d’un acte prévisible
L’avocate précise que « le féminicide se traduit par un instant précis, une scène terrible et irréversible pour Chahinez Daoud. Cependant, l’important n’est pas cette image figée, mais le déroulement des violences qui la précèdent. Si nous nous limitons à l’acte meurtrier, nous passons à côté des éléments qui en permettent la survenance ».
Selon Michelle Dayan, le procès est une occasion de se pencher sur les événements et les facteurs ayant conduit à cette issue tragique. Elle invite à s’interroger sur ce qui s’est passé les heures, les jours, les semaines, les mois, voire les années avant ce drame. Elle concède toutefois que quelques améliorations ont été constatées dans l’accueil des victimes dans les postes de police.
« Le rôle protecteur de la loi »
L’affaire de Chahinez Daoud illustre parfaitement la fatalité d’un féminicide prévisible, où malgré les agressions continues du mari et les plaintes faites auprès de la police, elle se retrouve abandonnée face au danger. Me Dayan souligne que Chahinez a eu le courage de dénoncer les abus et de s’éloigner. Elle était alors parvenue à échapper à l’emprise de son agresseur, mais cela n’a pas suffi, la loi et le soutien des forces de l’ordre et des juges n’ont pas été à la hauteur, regrette l’avocate. Toutefois, elle veut redonner espoir aux femmes en leur disant que « le dépôt de plainte est essentiel car, quoi qu’il advienne, la loi est de leur côté et les protège ».