Le réalisateur italien capture avec une grande proximité le combat acharné d’une bergère s’opposant à un projet immobilier menaçant de s’emparer de ses terres en Sardaigne. Un portrait de détermination.
Anna est une jeune femme qui respire la liberté. Dans l’ambiance survoltée de la discothèque, elle danse seule, vibrant au rythme de la musique. Un homme s’approche et leur rencontre se mue ensuite en une passion intense. Au petit matin, Anna s’occupe déjà de ses chèvres, en solitaire. En tant que bergère sur l’île de Sardaigne, elle mène une vie simple et indépendante, vendant son fromage au marché local pour subvenir à ses besoins. Cette autonomie est sa plus grande richesse. Mais son monde se retrouve menacé lorsqu’une entreprise immobilière convoitise ses terres pour y ériger un grand complexe hôtelier.
Dans cette œuvre cinématographique complexe, le réalisateur italien Marco Amenta, habitué du genre documentaire, nous offre une immersion intime dans l’univers d’Anna, remarquablement interprétée par Rose Aste. Chaque scène magnifie sa présence, son jeu authentique capturant les nombreuses fêlures de son personnage. Anna, marquée par des blessures profondes, réagit avec force face aux agressions extérieures qui réveillent en elle des souffrances intérieures insupportables. Bien que désargentée, cette trentenaire farouchement déterminée refuse d’abandonner sa terre sans combattre. Anna arrive sur les écrans le mercredi 5 mars.
L’intrigue du film s’appuie sur des faits réels : l’histoire d’un vieux paysan en Sardaigne se battant en justice contre une entreprise menaçant de lui retirer ses terres, et celle d’une femme éleveuse de chèvres au nord de Rome, faisant face à de sérieux problèmes financiers tout en défiant un environnement hostile. Marco Amenta a puisé son inspiration dans une rencontre avec cette femme lors du tournage d’un de ses documentaires.
« Vous ne comprenez pas, je suis satisfaite de ma vie », rétorque Anna à son avocat, bien intentionné mais insistant, qui suggère de céder aux 500 000 euros proposés par le promoteur pour reconstruire ailleurs. D’abord admirée par son entourage pour sa ténacité, Anna se heurte rapidement à l’animosité. Elle doit affronter des forces redoutables : patriarcat, appétits voraces d’un capitalisme sans scrupules, et la population locale qui, séduite par la promesse d’emplois apportés par le projet, la tourne en dérision. La quête d’emplois pèse lourd dans la balance.
Le cinéaste plonge également dans le tableau d’une société en transition. Quel est aujourd’hui l’impact d’un pacte verbal ? Quelle valeur a la parole donnée sans preuve écrite ? En face de contrats notariés, où se situent les engagements sur parole ? Entre la préservation d’oliviers et la construction de piscines chauffées, Marco Amenta évoque les dilemmes de la société méditerranéenne, illustrant traditions et défauts. Anna incarne une lutte viscérale s’inscrivant dans un contexte universel. Son lien avec la terre, sa connexion avec la nature, sont aussi profondément personnels. Une histoire singulière où Anna affronte de multiples Goliaths.
Détails du Film
Réalisation : Marco Amenta
Scénario : Anna Mittone, Niccolo Stazzi, Marco Amenta, Tania Pedroni
Langue : Italien, sous-titré en français
Durée : 1h58
Distribution : Rose Aste, Daniele Monachella, Marco Zucca, Andrea Melis
Date de sortie : Mercredi 5 mars 2025