Ubisoft, le grand nom français du jeu vidéo, s’apprête à lancer ce jeudi le dernier volet de la série à succès « Assassin’s Creed ». Cet épisode est crucial pour l’entreprise, qui espère ainsi redonner un coup de fouet à ses activités dans un marché où la concurrence est féroce.
Il est difficile de ne pas reconnaître cette silhouette emblématique. Toujours encapuchonné et rapide, il opère dans les coulisses pour éliminer les oppresseurs et rétablir la justice. Qui ne se rappelle pas de l’avoir vu sur les toitures parisiennes lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été de 2024, bondissant avec agilité d’un toit à l’autre? Il s’agit de Assassin’s Creed, la série phare de la société française de jeux vidéo Ubisoft. Le 14e volet de cette série, intitulé Shadows, fait son apparition ce jeudi 20 mars, après un développement dans les studios canadiens de la compagnie. En 2025, Ubisoft mise gros sur ce lancement.
Mohammed Aigoin, journaliste pour Jeux Video Magazine, souligne l’ampleur de l’effort publicitaire mis en place pour le lancement de ce jeu : « Les affiches et spots TV en images de synthèse sont omniprésents, et nécessitent un investissement considérable« . On ne peut effectivement pas échapper à la campagne. À l’image des grands films hollywoodiens, les bandes-annonces et les posters éclatants de Assassin’s Creed Shadows s’affichent partout, invitant les joueurs au cœur du Japon médiéval.
Dans l’avis de Mohammed Aigoin, Shadows incarne ce qu’on appelle un « Triple A », marquant un investissement colossal par Ubisoft. « Un grand nombre de personnes y participent, et les moyens techniques déployés sont impressionnants. La motion capture notamment, qui représente un investissement notable, peut faire grimper le budget total aux alentours de 300 à 400 millions d’euros« , indique le journaliste. Cette nouvelle mouture s’annonce donc comme un véritable blockbuster, ayant nécessité plus de cinq années de travail.
Une nécessité de succès impérative
Ubisoft espère avec anxiété un retour substantiel sur son investissement. Le groupe français, employant plus de 18 000 personnes à l’échelle mondiale, traverse une période difficile depuis quelques années. Les récentes sorties n’ont pas rencontré le succès escompté, et son action en bourse a chuté de près de 40 % en un an. La sortie de Shadows est ainsi cruciale pour l’entreprise. « Cette production pourrait soit marquer le point final pour Ubisoft, soit leur offrir un répit bienvenu, voire leur renaissance« , constate un spécialiste du domaine.
En outre, l’entreprise doit faire face à une tendance générale dans l’industrie des jeux vidéo : la croissance exponentielle des budgets nécessaires pour sortir un jeu. Bien que contactée par 42mag.fr, Ubisoft n’a pas révélé ses ambitions chiffrées. Néanmoins, en moyenne, un jeu Assassin’s Creed qui réussit se vend approximativement à 10 millions d’exemplaires dans le monde, chaque unité coûtant environ 65 euros.
Un public toujours fervent
Ubisoft peut toutefois compter sur une base de fans fidèles cultivée depuis des années. Cette communauté inclut des joueurs et influenceurs qui ont aidé à promouvoir le jeu en l’essayant avant sa sortie officielle. Parmi eux, Guillaume, 39 ans, qui, dans sa maison de la région parisienne, décrit sa progression dans l’univers du Japon féodal : « On évolue dans un monde ouvert ancré dans cette époque historique« , explique-t-il, fondateur du blog « Starting play », dédié à cet univers. « En 28 heures, j’ai bouclé l’aventure principale, ayant complété entre 50 et 75 % des quêtes secondaires. Il me reste donc largement de quoi m’occuper« , dit-il avec enthousiasme, ravi de l’expérience.
Pour Guillaume et la communauté des fans, l’attente pour cette nouvelle incursion dans le monde de Assassin’s Creed a duré cinq ans. La sortie a été repoussée à deux reprises, permettant aux développeurs canadiens de peaufiner le jeu et de corriger ses imperfections.
« Le jeu est fluide et on sent vraiment l’attention apportée. Ils ont pris en compte les critiques des joueurs, ce qui est appréciable. Surtout pour les bugs et pour améliorer la narration ».
Guillaume, joueur de 39 ans42mag.fr
« Plus captivant qu’un cours d’histoire au lycée »
La force de Assassin’s Creed réside dans sa capacité à immerger le joueur dans un environnement distinct avec une attention particulière aux détails. Les divers épisodes ont transporté les joueurs à travers des périodes historiques variées, allant des Croisades à la Révolution française. Aujourd’hui, c’est le Japon médiéval qui sert de toile de fond, avec deux protagonistes : Naoé, une ninja au manteau furtif, fidèle à l’esprit de la série, et Yasuké, un samouraï d’origine africaine.
« J’ai découvert plein de choses, ignorant auparavant la culture féodale et japonaise. C’est génial, car on apprend en jouant, et c’est vraiment ce que j’adore dans cette série ».
Guillaume, joueur de 39 ans42mag.fr
Cette aventure historique, qualifiée de « cours d’histoire » par Guillaume, ne fait pas l’unanimité. Notamment à cause du choix de Yasuké en tant que personnage central, qui a provoqué des controverses chez certains groupes d’extrême droite américains. Ces derniers ont critiqué Ubisoft pour ce qu’ils appellent une décision « wokiste« . Cependant, il est avéré que Yasuké a réellement existé pendant la période médiévale japonaise.