Frédéric Bonnaud, à la tête de l’institution, a pris la parole pour faire une déclaration. Il a également répondu aux critiques formulées dans le rapport récent de la Cour des comptes, tandis que l’établissement traverse une période agitée.
La Cinémathèque française, reconnue mondialement comme un temple de la cinéphilie, installée dans le quartier de Bercy à Paris, prévoit d’ouvrir un nouveau site à Marseille en 2026, a annoncé son directeur, Frédéric Bonnaud, lors d’une interview avec La Tribune Dimanche. « Nous avons constaté un engagement politique fort, ce qui se traduira par une antenne de la Cinémathèque à Marseille à partir de septembre 2026. Elle comprendra une salle de projection, un espace pour des expositions et des ateliers pédagogiques », a-t-il déclaré, en soulignant que les travaux ont déjà commencé.
Ce projet s’inscrit dans l’initiative « Marseille en grand », lancée par Emmanuel Macron en 2021. L’objectif est de transformer Marseille, la deuxième plus grande ville de France, en « capitale du cinéma de la Méditerranée ». Ce nouvel établissement sera implanté dans « un quartier traditionnellement accueillant aux immigrants », où Yves Montand, célèbre acteur français, a grandi. Le site, connu sous le nom « Les Crottes », est situé à proximité du port de Marseille, a précisé Frédéric Bonnaud.
L’annonce survient alors que la Cinémathèque traverse des temps difficiles. Début février, il a été rapporté par la Cour des comptes que l’État devrait reprendre les rênes de l’institution, jugée comme « une association repliée sur elle-même », et ne parvenant pas à atteindre efficacement ses objectifs de préservation du patrimoine et de partage avec le public.
Dirigée par le réalisateur Costa-Gavras, la Cinémathèque abrite 50 000 films patrimoniaux, près d’un million de documents cinématographiques, et des milliers d’appareils. L’institution reçoit annuellement un financement public s’élevant à 20 millions d’euros, représentant les trois quarts de son budget. La Cour des comptes a suggéré de « renforcer le lien avec le Centre national de la cinématographie (CNC), voire de l’intégrer à celui-ci » et a proposé de limiter la durée du mandat de son directeur.
Frédéric Bonnaud s’oppose à un rapprochement avec le CNC
« La Cour n’a pas pris en compte l’année 2024, durant laquelle nous avons accueilli 100 000 visiteurs supplémentaires. Ils omettent de considérer que nos salles ont dû fermer pendant la pandémie du Covid », a répliqué Frédéric Bonnaud, qui est à la tête de l’institution depuis 2016, dans La Tribune Dimanche.
Il a également rejeté l’idée d’un rapprochement avec le CNC. « L’État n’a pas vocation à décider du choix d’expositions, comme celle sur Louis de Funès. C’est préférable que ça soit moi qui assume si je fais une erreur sur Le Dernier Tango à Paris ». La projection du film de Bernardo Bertolucci à la Cinémathèque avait été annulée en décembre, suite aux réactions de colère provoquées par la scène de viol impliquant Marlon Brando sans le consentement de Maria Schneider. Costa-Gavras s’était exprimé à l’Assemblée nationale pour manifester ses regrets à ce sujet.