Selon Marine Le Pen, députée du Rassemblement national, le fait de consommer de l’alcool de manière modérée ne présente pas de risques pour la santé. Toutefois, cette déclaration est incorrecte.
Les discussions au sujet de la loi visant à renforcer la lutte contre le narcotrafic arrivent bientôt à leur terme. Elles devraient reprendre le jeudi 27 ou vendredi 28 mars. Dans ces échanges, le député Antoine Léaument, membre de La France Insoumise (LFI), a suggéré que la légalisation du cannabis pourrait être un outil efficace contre le trafic de drogue, comparant sa régulation éventuelle à celle de l’alcool. Cette comparaison a été vivement critiquée par Marine Le Pen, députée du Rassemblement National, qui a déclaré que l’alcool ne peut être qualifié de drogue et que « un usage modéré de l’alcool ne présente aucun risque pour la santé. » Cette déclaration a suscité de nombreuses réactions sur les plateformes sociales le vendredi 21 mars.
En vérité, l’idée que l’alcool puisse être consommé sans risque, même modérément, est inexacte. De nombreuses recherches, y compris celle de l’Inserm parue en 2021, soulignent que « toute consommation d’alcool est nocive pour la santé » et qu’il n’existe « pas d’effet protecteur, à l’opposé de ce qui a été prétendu pendant des années ». Selon ces chercheurs, contrairement aux propos de Marine Le Pen, « l’alcool est effectivement une drogue. » Le docteur Bernard Basset, président d’Addiction France, explique que l’alcool est une substance psychoactive, qui agit sur notre cerveau et peut induire une dépendance.
Un facteur de cancers et de problèmes cardiovasculaires
D’après les dernières données fournies par l’Inserm, en 2015, l’alcool a été responsable de 41 000 décès annuels en France, dont 9 900 liés à des maladies cardiovasculaires et 16 000 à des cancers. Notamment, l’alcool est à l’origine de six cancers de l’œsophage sur dix. Ces chiffres représentent 11% de la mortalité des hommes âgés de 15 ans et plus, et 4% chez les femmes de la même catégorie d’âge. Les chercheurs précisent que le risque commence « dès une consommation réduite », ce qui est particulièrement vrai pour les femmes. Elles augmentent leurs chances de développer un cancer du sein dès qu’elles consomment 1 à 1,5 verre par jour. Ces niveaux de consommation sont inférieurs aux recommandations de Santé publique France : pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours.
L’impact financier de l’alcool est également conséquent. Selon l’Office français des drogues et des toxicomanies (OFDT), l’alcool a coûté 102 milliards d’euros à la société en 2019. Ce chiffre intègre les dépenses liées à la santé et à l’application des lois, mais également la valeur des vies perdues et la perte de productivité pour la communauté.