La version définitive, révélée ce lundi, présente certaines différences par rapport au document initial présenté à l’automne. Ce troisième projet se focalise sur l’application d’environ cinquante initiatives à l’échelle locale, bien que nombre d’experts en climat estiment déjà que ces efforts ne seront pas à la hauteur des attentes.
La version révisée du projet a finalement été dévoilée. Avec plus d’une année de décalage, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé le lundi 10 mars la version finale du Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc) dans sa troisième édition. Ce document vise à préparer la France à un avenir où la température mondiale pourrait avoir augmenté de 4°C d’ici la fin de ce siècle, dans le but principal de protéger ses citoyens.
Le Pnacc, dans cette nouvelle version, a été légèrement ajusté par rapport à la première mouture qui avait été introduite en octobre 2024. Le ministère a souligné que ce plan a été le résultat de nombreux mois de discussions et échanges avec « l’ensemble des parties intéressées » : l’État, les collectivités locales, les acteurs économiques, et les citoyens. Cela s’est traduit par la soumission de 6 000 contributions, parmi lesquelles 176 « cahiers d’acteurs ».
Un élément central du plan consiste en la réalisation d’une cartographie des vulnérabilités, avec une attention particulière portée aux établissements de santé ainsi qu’aux infrastructures de transport et de sécurité. L’accent est mis sur les zones et secteurs les plus sensibles tels que les côtes, les zones montagneuses, les forêts et le secteur agricole. Certaines des mesures incluent la protection accrue des travailleurs exposés aux vagues de chaleur, des études pour mieux adapter les moyens de transport et les exploitations agricoles, ainsi qu’une protection renforcée des sites culturels emblématiques en France, comme la tour Eiffel et le mont Saint-Michel.
Meilleure prise en compte du confort estival dans le DPE
Une autre initiative importante concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments pour les rendre plus adaptés aux températures estivales et pas seulement hivernales. Il est prévu d’améliorer la prise en compte du confort d’été dans le diagnostic de performance énergétique (DPE), souvent critiqué. Le ministère annonce « un lancement d’étude pour inclure des gestes favorisant le confort en période chaude dans le programme MaPrimeRénov' ». De plus, des incitations pour amener le secteur bancaire à soutenir financièrement les adaptations nécessaires sont mises en avant. Sous la supervision d’Agnès Pannier-Runacher et du ministre de l’Économie, Eric Lombard, une mission sera menée durant le premier semestre 2026 pour « explorer le rôle que le système bancaire pourrait jouer pour anticiper les risques ».
Il a été précisé par le gouvernement que la référence de trajectoire pour l’adaptation au changement climatique (Tracc), qui dessine un scénario d’élévation de température de 4°C à l’horizon 2100 avec une étape intermédiaire à 2,7°C en 2050, doit jouer un rôle plus important. Le travail visant à donner une valeur juridique à la Tracc doit s’accélérer : alors que l’exécutif souhaitait l’intégrer « progressivement » aux textes législatifs, il affirme désormais qu’une réflexion complète est attendue d’ici la fin de l’année.
Certaines avancées ont été constatées dans cette version du plan, mais il convient également de noter certains reculs. Selon Le Monde, les entreprises du secteur du transport et de l’énergie ne seront plus tenues de « mettre en place progressivement » des plans d’adaptation, mais seront simplement encouragées à le faire.
Incertitude sur le financement
Le financement reste un point de tension majeur de ce plan. Adèle Tanguy, spécialiste à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), a exprimé sur BlueSky son approbation concernant la création d’une mission d’adaptation réunissant diverses agences publiques comme l’Ademe (agence de la Transition écologique), le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques), et les agences de l’eau. Cependant, elle souligne que ces agences disposent de « budgets en baisse » et sont confrontées à « beaucoup de méfiance politique, ce qui introduit de l’incertitude ». En début d’année, l’Ademe avait subi de vives critiques de la part de personnalités politiques de droite.
Agnès Pannier-Runacher a déclaré la nécessité impérative de garantir des ressources à la hauteur des défis de l’adaptation. Elle a annoncé une augmentation des budgets de l’ordre de « 40% ». Toutefois, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) modère cette affirmation, notant que « bien que les crédits dédiés à l’adaptation se maintiennent, ils n’augmentent pas réellement ».
D’autres critiques se font entendre, notamment de la part d’Oxfam, qui considère le Pnacc « inefficace », dénonçant un manque « de gouvernance adaptée et de ressources financières pour sa mise en œuvre ». L’ONG critique ce qu’elle appelle un « document inachevé », affirmant qu’il prévoit un financement des politiques d’adaptation avec des fonds récemment supprimés, tels que « la réduction du Fonds vert » décidée pour le budget de 2025. Oxfam accuse ainsi le gouvernement de « financer l’adaptation au détriment des initiatives contre le changement climatique ». Anne Bringault, directrice des programmes pour le Réseau action climat, a rappelé que « le changement climatique constitue un risque avéré », et a averti qu’il est grand temps de l’intégrer sérieusement dans les politiques publiques.

 
		

 
	
	




