La disparition inexpliquée de la page de Charles Rogers n’a persisté que pendant un court laps de temps, mais elle met en lumière la bataille que mène le gouvernement Trump contre le « virus woke ».
Charles Rogers a servi son pays durant le conflit vietnamien, au cours duquel il a été blessé à trois reprises tout en assurant le commandement d’une base militaire américaine. Le 1er novembre 1968, alors que la nuit commençait tout juste à s’estomper, il a réussi à repousser des assaillants qui avaient pénétré le périmètre de défense, et ce malgré une blessure par tir de mortier. Pour ses actes de bravoure, le président Nixon lui a remis la Médaille d’honneur en 1970.
Il est notable que Charles Rogers fut le plus haut gradé d’origine afro-américaine à recevoir cet insigne honneur. Depuis son décès en 1990, sa tombe se trouve au cimetière national d’Arlington à Washington. En hommage à son héritage, un pont a été renommé à sa mémoire en 1999 dans le comté où il est né. Le ministère de la Défense des États-Unis relate ces faits sur une page de son site internet consacrée aux héros décorés de la Médaille d’honneur.
Des termes disparus: « Antiracisme », « transgenre », « golfe du Mexique »…
Néanmoins, durant plusieurs heures le mois dernier, sa biographie avait été effacée du site du ministère de la Défense. Toute recherche du nom de Charles Rogers conduisait immanquablement à une page indiquant « ERREUR 404. Page non trouvée ». La page avait disparu, et l’adresse web incluait désormais les lettres « DEI », signifiant « diversité, équité et inclusion ». L’ancien président Donald Trump avait ordonné la suppression de toutes les initiatives gouvernementales en rapport avec ces concepts de diversité, équité, et inclusion.
Finalement, face à une pression médiatique croissante, la page internet a été restaurée, comme l’a rapporté le média NPR. Un représentant a précisé que cette suppression s’était produite « au cours d’un processus de suppression automatique », sans donner plus de précisions sur les raisons pour lesquelles la page de Charles Rogers avait été retirée. Des termes tels qu’ »antiracisme », « crise climatique », « transgenre », « golfe du Mexique », et « non-binaire » avaient également disparu. Le récit d’un héros de guerre et plusieurs expressions effacés au prétexte de combattre le « virus woke ». Voilà une histoire de mots interdits et de liberté d’expression bafouée.