Alors que la Commission européenne présente ce mardi son projet destiné à rendre le logement plus accessible financièrement, l’Irlande se distingue comme étant le pays où les coûts de l’habitat sont les plus élevés actuellement. Tellement élevés qu’à Dublin, il arrive que des individus se voient offrir un lieu de résidence en contrepartie de relations intimes.
L’Irlande traverse une crise du logement très sévère depuis un bon nombre d’années. Cependant, un phénomène plus récent vient aggraver la situation : à Dublin, les offres d’hébergement en échange de relations sexuelles se multiplient. Ces propositions s’adressent principalement aux jeunes femmes, notamment les étudiantes internationales, qui en sont les premières victimes.
Une de ces étudiantes, Darling Duran, originaire de Bolivie, a vécu cette expérience désagréable. En été 2022, elle a déménagé à Dublin pour améliorer son anglais. Elle raconte : « J’ai trouvé une annonce proposant une chambre pour 700 euros. Cependant, lorsque j’ai contacté le propriétaire, il m’a expliqué : ‘Oui, oui, c’est une chambre individuelle, mais c’est ma chambre ! Je travaille la nuit, donc elle est libre pour toi la journée, je serai de retour de temps à autre.’ Cela m’a perturbée et je me suis dit : ‘Qu’est-ce que cela signifie ? Je veux un endroit à moi, où je me sens en sécurité. »
Des annonces qui semblent classiques
Bien qu’aujourd’hui Darling évoque cette situation avec humour, sur le moment, elle a été réellement ébranlée. Les annonces ne font jamais état explicitement de ces exigences sexuelles, mais les intentions sont souvent rapidement décelées dès que des femmes montrent de l’intérêt. Avec cette pénurie de logements en Irlande, les étudiants internationaux ont encore plus de mal à trouver un toit.
Selon Darling, passer par des agences traditionnelles est pratiquement impossible : « Souvent, elles n’examinent même pas votre dossier, explique-t-elle, car vous ne répondez pas aux critères requis tels que la fourniture de références ou la preuve d’un revenu stable, des éléments qui garantissent un locataire sûr. »
Face à ces obstacles, bon nombre se tournent vers des plateformes en ligne pour dénicher un logement. « Malheureusement, surtout sur des sites comme Facebook, certains cherchent à en tirer profit, décrit Darling. Vous vous rabattez sur ce qui est disponible, car peu d’options se présentent. Vous pourriez vous retrouver dans une chambre partagée avec plusieurs personnes, hommes et femmes, et dans ces conditions, tout peut survenir, n’est-ce pas ? »
Des cas d’ultimatums contraignants
L’histoire de Darling n’est pas unique. Elle mentionne d’autres récits similaires. « Une amie vivait dans une maison où un soir, le propriétaire ivre a tenté quelque chose avec elle. Il l’a menacée, lui disant que si elle refusait, elle devait quitter les lieux. Elle a donc dû partir précipitamment en pleine nuit ! »
Brian Hearne, qui travaille au Conseil irlandais des étudiants internationaux, souligne : « Nos recherches montrent que 5% des étudiantes internationales ont été approchées ou témoins de propositions de ce type, affirme-t-il. Il est toutefois difficile de quantifier exactement ces cas, car ce n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg. »
Le Conseil appelle à une intervention législative rapide pour remédier à ce problème, spécialement à Dublin, où le loyer moyen atteint désormais les 2 500 euros, marquant une augmentation de 4% par rapport à l’année précédente. Le nouveau ministre de la Justice, Jim O’Callaghan, signale que le gouvernement envisage de classer ces sollicitations sexuelles en échange de logement comme un délit distinct.