Mercredi, Karine Lebon, députée de la Réunion, présentera une proposition de loi visant à compenser les enfants réunionnais envoyés dans la Creuse. En 2014, l’Assemblée nationale a reconnu la responsabilité morale de l’État dans cette affaire. Cependant, aucune indemnisation n’a été accordée aux personnes concernées qui ont vécu cet arrachement à leur terre natale comme une déportation imposée.
Karine Lebon, députée de La Réunion, a exprimé sa conviction que des progrès significatifs sont en cours pour obtenir des réparations. Elle prévoit de présenter une proposition de loi le mercredi 26 mars, visant à indemniser les enfants réunionnais déplacés en Creuse entre 1962 et 1984. Cette déclaration a été faite sur « ici Creuse » (anciennement France Bleu) le mardi 25 mars.
Bien que la reconnaissance de la responsabilité morale de l’État ait été actée par l’Assemblée nationale en 2014, une réparation financière n’a jamais été mise en place pour ces victimes, qui ont vécu ces déplacements forcés tels un exil. « Beaucoup de personnes touchées me confient : ‘J’ai subi des mauvais traitements, j’ai été abandonné à moi-même, je n’ai pas pu suivre des études ou obtenir la carrière que j’avais espérée. Aujourd’hui, je voudrais que l’État reconnaisse ces faits et nous accorde une compensation’, je crois que cette demande est légitime », affirme Karine Lebon.
Absence de précision sur le montant
À l’époque, ces transferts massifs avaient été encouragés par Michel Debré, ancien Premier ministre, dans le but de redynamiser les campagnes désertées par l’exode rural. En 2002, Jean-Jacques Martial, exilé à l’âge de sept ans, avait été l’un des premiers à demander réparation à l’État français, réclamant alors un milliard d’euros. « C’est une somme irréaliste », déclare Karine Lebon, soulignant qu’aucun chiffre n’a été inclus dans sa proposition de loi car cela relève du domaine réglementaire et non législatif. « Le montant sera précisé par décret », précise-t-elle.
La députée envisage de suivre l’exemple suisse, où des enfants maltraités ont été indemnisés à hauteur de 20 000 à 25 000 euros par personne. « Je sais que nous pourrions ne pas atteindre ce montant en France. Cependant, un précédent existe, puisqu’une indemnisation a été accordée aux Harkis, qui perçoivent actuellement en moyenne 8 000 euros », explique-t-elle.
Karine Lebon se dit soutenue dans cette démarche par le ministre de l’Outre-mer, Manuel Valls, ainsi que par Perrine Goulet, présidente de la délégation parlementaire aux droits des enfants. « Je ne suis pas isolée dans ce combat. Nous sommes sur la bonne voie pour obtenir gain de cause », assure-t-elle.







