En mai 2024, l’actrice Isild Le Besco a déposé une plainte contre le réalisateur Benoît Jacquot pour des accusations de viols sur mineur âgé de plus de 15 ans, concernant des faits qui se seraient déroulés entre les années 1998 et 2007.
« De mes 16 ans à mes 35 ans, j’ai eu une vision erronée de l’amour » : l’actrice Isild Le Besco aborde dans un podcast d’Arte Radio son expérience personnelle mêlée à une analyse psychologique et sociale, pour expliquer ce qu’est le « contrôle coercitif« .
« Pour moi, l’amour d’un homme avait des aspects violents, abusifs, et destructeurs (…) C’était, en fait, tout ce que je connaissais », raconte celle qui est aussi réalisatrice, dans ce podcast en deux parties de 30 minutes chacune, où le premier épisode a été mis en ligne ce samedi et le deuxième est attendu pour le 21 mars.
Pour concevoir ce podcast, Isild Le Besco s’est associée à sa sœur Léonor Graser, sociologue, et à Andreea Gruev-Vintila, enseignante-chercheuse à l’université Paris Nanterre et autrice du livre Le contrôle coercitif : au coeur de la violence conjugale (Dunod, 2023).
Ce livre a eu un effet « révélateur » pour Isild, qui a porté plainte contre le réalisateur Benoît Jacquot en 2024. Celui-ci a été mis en examen en juillet, pour des agressions présumées contre Isild Le Besco dès ses 16 ans, entre 1998 et 2000, et également contre l’actrice Julia Roy en 2013. Judith Godrèche a également accusé Jacquot et une enquête est en cours. Benoît Jacquot conteste ces affirmations.
Le « contrôle coercitif » introduit dans la législation
Dans l’émission, Isild Le Besco revient sur cette relation difficile, en s’appuyant sur des extraits de son ouvrage Dire vrai, publié l’année passée chez Denoël. « Benoît exerçait une emprise sur moi à travers son pouvoir », confie l’actrice, connue pour son rôle dans le film Sade.
Elle souhaite « faire connaître » le concept de contrôle coercitif « en en parlant ». Andreea Gruev-Vintila précise que cela inclut « la violence physique – bien que pas forcément -, la violence sexuelle, les menaces, l’isolement, l’exploitation et le contrôle », et que cela « peut se prolonger sur des années, voire des décennies ». Souvent, « les relations sociales des victimes » sont intentionnellement ciblées.
En janvier, les législateurs ont pour la première fois introduit l’infraction de « contrôle coercitif » dans un projet de loi, une tactique destructrice utilisée par un agresseur pour réduire une victime à l’impuissance, précédant généralement de nombreux féminicides. Ce projet est toujours en cours d’adoption définitive.