Des chercheurs scientifiques de la France ont exprimé leur solidarité avec leurs collègues américains en rejoignant le mouvement « Stand Up for Science », en protestant contre les coupes budgétaires massives et ce qu’ils disent être « sabotage » de l’administration de Donald Trump.
Sous la bannière «défendre Science France», un collectif scientifique a organisé plusieurs manifestations et conférences dans des villes de tout le pays vendredi pour soutenir des événements similaires organisés aux États-Unis.
Le mouvement « Stand Up for Science » appelle à la fin de la censure, à la protection du financement et à la réhabilitation de chercheurs qui ont été brutalement retirés de leur travail depuis que Donald Trump est arrivé au pouvoir.
Les tirs de masse et les coupes de balayage supervisées par le conseiller principal de Trump, Elon Musk, ont ciblé la recherche dans un éventail de domaines, notamment le climat et la santé.
« La science est devenue une cible », a déclaré la chercheuse en science du climat française, Valérie Masson-Delmotte, à l’agence de presse française de l’agence de presse française.
« Aujourd’hui, je parle d’obscurantisme: rendre les connaissances scientifiques inaccessibles et répandre la désinformation. Toutes ces attaques sont d’une gravité sans précédent dans une démocratie ».
Liberté d’expression tracée
Vendredi, dans une interview avec Franceinfo, Delmotte a déclaré que la liberté des universitaires de communiquer avait été gravement freinée, ce qui était une forme de « sabotage au détriment de la société américaine … et des progrès scientifiques dans le monde ».
« Les chercheurs des agences fédérales – l’équivalent des CNR en France par exemple – sont interdits d’échanger avec des collègues d’autres pays », a-t-elle déclaré.
Elle a donné l’exemple du scientifique en chef de la NASA, Kate Calvin, coprésidente du groupe 1 du panel intergouvernemental sur le changement climatique (GIEC), qui a été interdit de participer à la dernière session plénière du GIEC la semaine dernière. « Elle a également été interdite de parler à la presse et son équipe de soutien a été démantelée », explique Delmotte.
Delmotte était l’un des nombreux scientifiques français qui ont publié un éditorial Le Monde mardi avec le titre « Defend Science contre les nouveaux obscurantismes ».
Les signataires insistent sur le fait que les coupes budgétaires brutales américaines affectaient déjà directement la société et affecteraient la coopération internationale et le partage de données.
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Par exemple, des centaines de scientifiques et d’experts ont été licenciés de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), une agence américaine de premier plan responsable des prévisions météorologiques et de l’analyse du climat, a déclaré le membre du Congrès démocrate Jared Huffman la semaine dernière.
En réponse, l’Université française Aix-Marseille a annoncé cette semaine un nouveau programme pour accueillir des scientifiques qui « peuvent se sentir menacés ou entravés » aux États-Unis et veulent « continuer leur travail dans un environnement propice à l’innovation, à l’excellence et à la liberté académique ».
Le président de l’université, Eric Berton, a déclaré à l’AFPTV qu’il aurait préféré ne pas avoir dû remettre cet « appel de recrutement ».
« Le risque auquel ces chercheurs sont confrontés est que leurs projets perdront un financement et qu’ils soient eux-mêmes – s’ils sont étrangers – devront retourner dans leur pays d’origine », a-t-il déclaré.
Les scientifiques ont peur de s’exprimer
« C’est un véritable danger », a-t-il souligné, en particulier pour les universitaires qui travaillent sur « des sujets sensibles tels que le climat, les sciences sociales et les sciences humaines en général ».
Berton a déclaré que son université ne pouvait pas accepter tout le monde, ajoutant: « J’espère que nous pourrons lancer un mouvement national ».
Le programme « SAFE PLACE POUR SCIENCE » de l’université fournira jusqu’à 15 millions d’euros pouvant accueillir une quinzaine de chercheurs sur trois ans.
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L’astrophysicien français Olivier Berné, chercheur au CNRS, dit qu’il a reçu des témoignages angoissés de certains de ses collègues scientifiques américains.
« Déjà, pour un certain nombre d’entre eux, ils ont peur de s’exprimer », a-t-il déclaré à Franceinfo.
« Ils ont peur de perdre leur emploi. Nous ne réalisons pas du tout en France ce qui se passe dans ces cercles. Aux États-Unis, il y a une attaque extrêmement forte contre le monde scientifique. Donald Trump a annoncé que des gens qui allaient à des manifestations sur le campus pourraient être jetés en prison ou expulsés du territoire américain ».
« Il y a aussi une attaque contre les données avec une suppression pure et simple de l’accès aux données concernant les études climatiques », souligne le scientifique.
Interrogé sur l’accueil des scientifiques américains, le ministre français de l’enseignement supérieur et de la recherche Philippe Baptiste a déclaré qu’il était nécessaire de « renforcer » les systèmes existants pour les scientifiques internationaux.
« Mais cette discussion doit également avoir lieu au niveau européen », a-t-il déclaré au Parlement français, déplaçant les coupes budgétaires par l’administration Trump qui étaient « contraires au consensus scientifique ».