Mercredi, la commission spéciale responsable de l’examen du projet de loi visant la « simplification » a décidé d’annuler les « Zones à faibles émissions » (ZFE). Ces zones avaient pour objectif d’inciter les conducteurs à se tourner vers des voitures plus écologiques. L’idée est désormais de ne plus contrarier les automobilistes.
Abandon du Dispositif ZFE par les Députés
Mercredi 26 mars, la suppression du système clé conçu pour interdire l’accès aux centres urbains aux véhicules les plus polluants a été votée par les députés. Les Zones à Faible Émission (ZFE), une idée qui semblait pourtant prometteuse, sont désormais sur la sellette. Ce mercredi, la commission a approuvé leur suppression lors de l’étude d’un projet de loi présenté comme une initiative de « simplification ». Ce vote a bénéficié du soutien d’une majorité d’élus comprenant les Républicains (LR), le Rassemblement National (RN), mais également certains membres de la majorité présidentielle, des groupes Horizons et Liot, ainsi que des élus de gauche s’étant abstenus. Même s’il reste des discussions à mener dans l’hémicycle, il semble que ce dispositif, mal conçu et mal communiqué, soit voué à disparaître. Bien que l’objectif d’évincer les véhicules les plus polluants des zones urbaines pour purifier l’air soit bien intentionné, l’absence d’efforts de sensibilisation à ce sujet, tant de la part des gouvernements successifs que des élus locaux, a pesé lourdement. Ces derniers ont souvent rivalisé entre eux au lieu de coopérer.
Les édiles des villes se plaignent des mesures insuffisantes de soutien de l’État pour élargir l’offre de transports en commun ou pour aider les conducteurs à adopter des véhicules neufs, voire électriques. Le risque d’accentuation des inégalités sociales s’est progressivement imposé, et l’on observe un mécontentement grandissant alimenté par des pétitions dénonçant une soi-disant « chasse aux pauvres » en grande ville. Les changements incessants et les exceptions accordées ont rendu le dispositif confus. Depuis le 1er janvier, l’idée d’étendre les ZFE aux 42 métropoles de plus 150 000 habitants est affichée, mais dans la pratique, seules Paris et Lyon sont concernées, avec Paris bannissant les véhicules classés Crit’Air 3 — essence avant 2006 et diesel avant 2011. De plus, la mise en place effective des premiers contrôles est reculée à 2026, illustrant à quel point les ZFE stagnent.
Changement de Priorités
L’enjeu écologique ne semble plus être au cœur des préoccupations actuelles. Alors que Santé publique France avance le chiffre alarmant de 40 000 décès prématurés chaque année en raison de la pollution atmosphérique, les menaces géopolitiques, comme le risque d’un conflit impliquant la Russie, dominent et nécessitent un effort de réarmement massif de la part de l’Europe. Par ailleurs, l’échéance des municipales de mars 2026 remue le souvenir encore vif du mouvement des gilets jaunes, déclenché par l’augmentation de la taxe carbone. Le climat n’est pas propice à des mesures contraignantes pour les automobilistes ni en France, ni ailleurs en Europe.
Face aux difficultés rencontrées par les constructeurs automobiles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a récemment temporisé en suspendant les sanctions prévues contre ceux qui ne respecteraient pas les normes d’émission de CO2. Néanmoins, un autre débat d’ampleur se profile : l’interdiction des ventes de véhicules à moteur thermique neufs d’ici une décennie.