La cheffe du Rassemblement national a donné sa réaction lors du journal télévisé de 20 heures suite à sa condamnation, laquelle la rend inéligible pour cinq ans en raison de détournement de fonds publics, avec une exécution immédiate de cette peine.
« Je ne me laisserai pas faire de la sorte. Je vais explorer toutes les voies d’appel disponibles. Il y a un chemin, certes étroit, mais il existe », a déclaré Marine Le Pen, lundi 31 mars, se disant « outrée ». La cheffe du Rassemblement national était l’invitée du journal de 20 heures sur TF1 pour commenter sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris. Elle a écopé de quatre ans de prison, dont deux ferme aménageables, ainsi que d’une amende de 100 000 euros et d’une inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat.
Assurant qu’elle ne se retirait « en aucune manière » de la vie politique, la députée du Pas-de-Calais a réclamé une procédure d’appel rapide : « La justice doit agir rapidement », a-t-elle affirmé, confirmant sa détermination pour l’élection présidentielle de 2027. Voici les points clés de sa première intervention publique.
Marine Le Pen fustige une « décision politisée »
La triple candidate non élue à la magistrature suprême explique avoir quitté précipitamment la salle d’audience, avant même d’entendre son verdict, car la présidente était « en train de rendre une décision politisée ». « Elle a clairement mis en œuvre l’application immédiate de ma peine d’inéligibilité pour rendre mon appel inutile et m’empêcher de me présenter à l’élection présidentielle », a déclaré Marine Le Pen.
Pour justifier l’inéligibilité immédiate, la présidente n’a pas mentionné l’élection présidentielle à venir, selon la députée du Pas-de-Calais. Bénédicte de Perthuis a expliqué que le tribunal avait pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public que représenterait la candidature d’une personne déjà condamnée en première instance, estimant nécessaire d’ordonner l’exécution provisoire « pour préserver l’ordre public ».
Elle évoque un « jour sombre pour la démocratie »
« L’Etat de droit a été complètement bafoué », a également déclaré Marine Le Pen sur TF1, mentionnant un « jour sombre pour notre démocratie » et des pratiques « dignes de régimes autoritaires ». « Il s’agit d’une divergence administrative avec le Parlement européen : il n’y a aucune question d’enrichissement personnel », a-t-elle justifié. Pour renforcer son propos, elle a affirmé que la présidente du tribunal n’avait pas exposé les raisons de son jugement. « Il n’y a pas d’explications! », a-t-elle proclamé, se disant « indignée ». Cependant, 152 pages de motivations ont été rendues et largement lues à l’audience lundi matin, durant plus de deux heures.
Elle espère un procès en appel rapide
Marine Le Pen a réitéré sa décision de contester en appel sa condamnation, soulignant que la totalité des 24 co-prévenus jugés avec elle « sont innocents ». « Je pense que les juges ont fait erreur et ont ignoré toutes les explications fournies », a-t-elle vigoureusement affirmé, ajoutant avoir « compris dès le début du procès » que les accusés allaient « être traités de manière unilatérale ».
« Des millions de Français me font confiance. Cela fait trente ans que je me bats pour vous, contre les injustices. Et je poursuivrai ce combat. »
Marine Le Pensur TF1
Ainsi, elle espère que le procès en appel se déroulera le plus tôt possible, surtout avant la prochaine échéance présidentielle d’avril 2027. « La justice doit se hâter », a-t-elle insisté, regrettant que ce genre de procès prenne habituellement « de dix-huit mois à deux ans » avant d’avoir lieu. Si elle est condamnée en appel, mais sans une peine d’inéligibilité immédiate, elle garantit qu’elle se présentera à l’élection présidentielle.
Elle écarte l’idée d’être remplacée par Jordan Bardella
Marine Le Pen trouve que Jordan Bardella est « un atout précieux » pour le Rassemblement national, mais elle « espère » ne pas avoir « à utiliser cet atout plus tôt que prévu ». La cheffe d’extrême droite refuse donc l’idée qu’il puisse la remplacer en tant que candidat à la présidentielle de 2027. Elle rejette également la suggestion d’être son Premier ministre. « Je ne suis pas prête à accepter un tel déni démocratique aussi facilement », a-t-elle affirmé.
Elle renonce à demander la grâce présidentielle
Le président de la République peut accorder une grâce pour moduler ou annuler une peine, mais cela n’est possible que pour les peines principales, une fois la condamnation définitive, comme l’a précisé la responsable du RN : « La grâce s’applique sur une décision définitive, nous n’en sommes pas encore là ». La députée du Pas-de-Calais dit avoir confiance « en la capacité d’une cour d’appel à examiner ce dossier avec impartialité pour constater notre innocence », soulignant que cette affaire « aurait dû rester au niveau d’un simple désaccord administratif entre le Parlement européen et les élus ».