Le président a suscité de fortes réactions en affirmant que la France, en tant que puissance nucléaire, pourrait jouer un rôle plus important pour assurer la sécurité de l’Europe.
La question de la dissuasion nucléaire : un débat franco-européen
François Hollande, ancien président de la République, a exprimé son avis sur la scène publique, notamment sur France Inter, lundi 3 mars. Selon lui, la force de dissuasion nucléaire, qui repose sur la menace potentielle d’utiliser l’arme nucléaire, ne se partage pas. Cette responsabilité revient intégralement à la France, tant dans son organisation, que dans son financement et la prise de décision. Ceci était en réponse aux propos d’Emmanuel Macron, qui a évoqué la possibilité d’une discussion sur une force de dissuasion nucléaire à l’échelle européenne. Cette idée a émergé dans le contexte d’un rapprochement entre les États-Unis et la Russie sur la crise ukrainienne. De l’autre côté du spectre politique, Marine Le Pen, dirigeante du groupe RN à l’Assemblée, a exprimé son opposition ferme, en soulignant que la dissuasion nucléaire française devait rester sous le contrôle exclusif de la France.
Les frontières de l’intérêt vital
François Hollande a clarifié que l’idée d’élargir la notion d’« intérêt vital » au-delà des frontières nationales, par exemple en englobant des parties de l’Allemagne, n’est pas nouvelle. Il a toujours été sous-entendu que l’intérêt vital pouvait s’étendre au-delà des frontières strictement françaises sans avoir besoin d’être explicitement défini. Ce sujet reste du ressort du président de la République, qui doit évaluer ce qu’englobe cet intérêt vital. Pour Hollande, aucune règle fondamentale ne semble devoir changer, et il ne pense pas qu’une volonté de décision partagée se manifeste chez les Européens. Si cette idée devait un jour émerger, elle serait fermement rejetée.
Un tournant dans la perspective européenne
Ce qui est réellement nouveau, selon Hollande, réside dans le fait que, jusqu’à récemment, les nations européennes ne s’interrogeaient pas sur la force de dissuasion française, protégées qu’elles étaient par le « parapluie nucléaire » des États-Unis. Le fait significatif est que le futur chancelier allemand a publiquement évoqué, au nom de l’indépendance, le besoin de l’Europe de s’appuyer sur la dissuasion nucléaire de la France, ainsi que celle du Royaume-Uni. Cette déclaration marque un tournant majeur dans la dynamique européenne de défense et de sécurité.