Pour répondre au « danger représenté par la Russie », le chef de l’État a assuré, ce mercredi, qu’il y aurait des « financements additionnels » pour renforcer le secteur de la défense, tout en précisant que cela se ferait « sans alourdir la fiscalité ».
« C’est notre responsabilité de déterminer les priorités et d’établir les hiérarchies. » C’est ce qu’affirme François Bayrou le jeudi 6 mars, après le discours du président de la République qui a promis de nouveaux « investissements » dans le secteur de la défense « sans augmenter les impôts » afin de « faire face à la menace que représente la Russie. » Face à la contrainte budgétaire actuelle, quelle est la marche à suivre ? Les partis d’opposition craignent déjà des réductions drastiques.
Le Premier ministre a assuré qu’il ne renoncerait pas au « modèle social français » au profit de la Défense, qui reste la première des priorités. Cette déclaration n’a guère rassuré Eric Coquerel, le président de la commission des finances et député de la France insoumise : « Ne pas vouloir augmenter les impôts indique qu’il n’est pas question de taxer les dividendes ou les profits astronomiques. Par conséquent, ce sont d’autres budgets qui devront être réduits. Je refuse une approche budgétaire qui soumettrait toutes les autres fonctions de l’État à un effort militaire, effort qui ne répondrait pas aux véritables besoins des Français. »
« Risque de nouvelles atteintes sociales ou écologiques »
Bien qu’elle admette l’importance d’une augmentation du budget pour la défense, l’écologiste Cyrielle Chatelain demeure inquiète des annonces faites par Emmanuel Macron : « Lorsqu’il a déclaré : ‘Il faudra des réformes courageuses pour réaliser ces efforts,’ cela sous-entend de nouveaux sacrifices sociaux ou des atteintes aux droits environnementaux. » Elle préconise une taxation des grandes fortunes ainsi qu’une utilisation des plus de 200 milliards d’euros d’actifs russes gelés.
Du côté du Rassemblement national, la solution semble claire. « Il suffisait de mettre un terme aux dépenses inutiles, » déclare le député Laurent Jacobelli. « 75 milliards d’euros au minimum en fraudes sociales et fiscales, un coût exorbitant pour l’immigration. Sans parler des nombreux comités inutiles en place. »
« Le budget de l’État français permettrait d’avoir une administration publique efficace. Il s’agit seulement de le gérer correctement. »
Laurent Jacobelli, député Rassemblement nationalà 42mag.fr
Dans le camp du « socle commun », soutien du gouvernement, on admet la complexité de la situation, car, même avant de rédiger une nouvelle loi de « réarmement », il est nécessaire de respecter la loi de programmation militaire, ce qui exige de dégager 18 milliards d’euros d’ici 2030.
« Des concessions inévitables »
Pour François Jolivet, député Horizon et vice-président de la commission des finances, il est certain que les ministères devront se serrer la ceinture : « Nous allons leur demander de réaliser des économies, de revoir leurs priorités ou de retarder certains projets. Il est évident que cela provoquera des mécontentements. »
« Avec un budget de 1 600 milliards d’euros, trouver 18 milliards ne devrait pas être inenvisageable sans occulter les impératifs tels que le logement pour tous, le bon fonctionnement des entreprises et le maintien du pouvoir d’achat… Aujourd’hui, les Français épargnent largement. Explorer ce levier pourrait s’avérer judicieux. » Un autre député Horizon, Christophe Plassard, a déposé une proposition de loi dans ce sens.