Mercredi, au tribunal correctionnel de Paris, l’actrice s’est positionnée en faveur du comédien. Ses déclarations, empreintes de soutien, ont été en nette opposition avec les témoignages d’autres femmes du milieu du cinéma, qui reprochent à l’acteur des comportements de harcèlement ainsi que des actes d’agression sexuelle.
La quête de la « vérité » au tribunal
Mercredi 26 mars, plusieurs femmes se sont succédé à la barre du tribunal correctionnel de Paris, témoignant dans l’affaire Gérard Depardieu. Âgé de 76 ans, l’acteur est jugé pour des agressions sexuelles présumées survenues lors du tournage des Volets Verts en 2021. Parmi les témoins, l’actrice Fanny Ardant, partenaire de Depardieu dans ce film, a été la première à parler. Elle a reconnu la difficulté de rechercher la « vérité », insistant sur le fait qu’elle est rarement unique.
Selon Fanny Ardant, Gérard Depardieu est un « grand acteur » qu’elle connaît depuis longtemps. Elle a décrit son collègue comme une personne d’une complexité artistique exceptionnelle, capable de jouer à la fois les personnages les plus terribles et les plus admirables. Sur le plateau, il interagit avec tous avec intérêt, des techniciens aux acteurs. Bien qu’elle n’ait pas évoqué directement les accusations, elle a insinué que le talent peut être associé à un comportement hors du commun.
« J’ai réagi avec force »
Reconnaissant que Gérard Depardieu est souvent provocateur et parfois grossier, Fanny Ardant a rappelé son caractère dominateur sur un tournage. Cependant, elle souligne également le climat actuel où des comportements auparavant tolérés ne le sont plus. Elle affirme que nombre de ses collègues n’ont pas pris la parole par crainte pour leur carrière. Convaincue par l’appel de l’amitié et du pardon, elle a choisi d’assister au procès, affirmant ne jamais avoir été témoin d’actes déplacés. En contraste avec les autres témoignages, elle affirme que Depardieu peut être remis à sa place si besoin. Pourtant, ses propos ont été accueillis avec scepticisme par le président du tribunal, qui a relevé que sa position de figure établie dans le cinéma lui donne un pouvoir que de jeunes femmes n’ont pas nécessairement.
Les récits dérangeants des témoins
Les autres témoignages diffèrent fortement. Carine, assistante réalisatrice, a décrit l’humiliation infligée par Depardieu sur le plateau, citant des remarques sexistes et un comportement perturbateur. De même, Marie, une jeune journaliste, a relaté une expérience choquante avec l’acteur, évoquant des gestes déplacés et des propos obscènes lors d’un tournage à Tel Aviv en 2007. Selon elle, il a cherché à la dominer verbalement et physiquement.
« Il a exposé sa vision des femmes, les classant entre ‘maman’ et ‘putain’. Pour lui, c’était une manière de prendre le pouvoir. »
Marie, témoinau tribunal correctionnel de Paris
Lucille, costumière, a évoqué une agression qu’elle aurait subie en 2014, décrivant comment Depardieu aurait profité d’un moment de solitude pour la toucher de manière inappropriée. Ses protestations silencieuses n’ont pas été entendues, et elle a été secourue en pleurs par un machiniste. Malgré cela, aucune action ni interruption du tournage n’a eu lieu. Enfin, Sarah, comédienne de 20 ans lors des faits, a raconté le comportement intrusif de Depardieu sur un plateau de tournage à Marseille, où ses refus explicites ont été ignorés.
Chacune de ces femmes a fait face à des situations déstabilisantes, décrivant un acteur usant de sa position de pouvoir pour agir sans impunité. Malgré cela, elles n’ont pas porté plainte, de peur de ne pas être entendues ou prises au sérieux. Pendant que les témoignages se succèdent, Gérard Depardieu reste de marbre. Le jugement final aura lieu à la conclusion de cette semaine de procès.