Dès l’ouverture de ses réquisitions, le Parquet national financier a présenté l’ancien chef de l’État comme le « principal initiateur et ordonnateur » d’un « accord de corruption » décrit comme « inacceptable, sans précédent et offensant ». Cet accord aurait été conclu avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi afin de soutenir financièrement sa campagne électorale de 2007.
« Une riposte appropriée à la gravité des accusations. » Le Parquet national financier (PNF) a exigé, jeudi 27 mars, une peine de sept ans de prison, une amende de 300 000 euros et une interdiction d’exercer un mandat public, contre Nicolas Sarkozy. Il est jugé depuis le 6 janvier par le tribunal correctionnel de Paris concernant les allégations de financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007.
A l’issue d’un réquisitoire d’une durée de deux jours et demi, entrecoupé de quelques références politiques et comparaisons qui ont parfois déclenché des rires dans l’audience, les trois procureurs, Quentin Dandoy, Philippe Jaeglé et Sébastien de la Touanne, ont jugé que « seules des peines privatives de liberté et des amendes fermes » étaient de nature à « assurer la protection de la société ». « Nicolas Sarkozy a rejeté l’ensemble des accusations et semble ne pas saisir la portée des faits qui lui sont imputer » , a regretté le procureur Sébastien de la Touanne, soulignant qu’en tant qu’ancien président de la République, « il avait un devoir d’exemplarité ».
Des réquisitions « sans consistance », au son « creux »
Dès le début de leur discours incisif, amorcé mardi après-midi, les trois procureurs du PNF avaient décrit l’ancien chef de l’État, âgé de 70 ans, comme le « véritable instigateur et bénéficiaire » du « pacte illicite », jugé « inacceptable, extraordinaire et outrageant » avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, visant à financer sa campagne présidentielle victorieuse. Le PNF a soutenu que l’ensemble des infractions reprochées à l’ancien président avait été constitué et a donc réclamé au tribunal de le déclarer coupable de corruption, dissimulation de détournement de fonds publics, association de malfaiteurs et financement illégal de campagne électorale.
Nicolas Sarkozy risque une peine de 10 ans d’emprisonnement, une amende de 375 000 euros et une perte de ses droits civiques, y compris une inéligibilité, pour une durée maximale de 5 ans. Tout au long de l’audience, et même au-delà, dans les médias, l’ancien président de 70 ans a constamment proclamé son innocence et rejeté les accusations à son encontre, sous le regard de son épouse Carla Bruni-Sarkozy. Mardi et mercredi, il a attentivement suivi les réquisitions des trois procureurs, qui ont tenté d’être didactiques en utilisant des documents projetés à l’écran dans la salle d’audience. Il a pris des notes à plusieurs reprises, tout en ne pouvant s’empêcher de faire des commentaires depuis le banc des accusés.
L’ancien président a accueilli ces réquisitions d’un air impassible, avant de quitter la salle et de laisser ses avocats prendre la parole. « Le parquet parle haut, mais ce n’est pas cela la justice. Ces réquisitions sont creuses, elles résonnent sans consistance » , a dénoncé Christophe Ingrain. Le PNF « continue » à « essayer » de « démontrer ma culpabilité », a réagi simultanément Nicolas Sarkozy, dans un communiqué publié sur X. « Je continuerai donc à me battre point par point pour la vérité, et à avoir confiance dans la sagesse du tribunal. »