Le procès de Joël Le Scouarnec, un chirurgien poursuivi pour avoir agressé sexuellement 299 personnes, attire une large attention de la presse en Espagne. Les médias ibériques s’étonnent de la manière dont il a pu agir sans être inquiété pendant un quart de siècle.
Le tribunal juge actuellement Joël Le Scouarnec, un ancien chirurgien accusé d’agressions sexuelles et de viols sur 299 patients, et ce procès attire une grande attention en Espagne. Ce procès s’inscrit dans un contexte de prise de conscience croissante des agressions sexuelles dans le pays. Après le procès Pelicot, les médias espagnols scrutent attentivement cette nouvelle affaire qui secoue la France.
Les médias espagnols suivent de près le procès de Joël Le Scouarnec. Les articles se concentrent particulièrement sur le nombre impressionnant de victimes, sur leurs âges et sur la manière dont Le Scouarnec a procédé dans ses actes de violence sexuelle.
Une impunité qui interroge
Mavi Doñate, correspondante pour TVE, la chaîne publique espagnole, s’est déplacée à Vannes pour assister à l’ouverture du procès. « Nous avons souhaité couvrir ce procès en raison de son ampleur inédite. Avec 299 victimes, elles ont été installées dans une salle séparée pour suivre les audiences.«
La question de l’impunité dont a bénéficié le chirurgien intrigue de nombreux journalistes. En Espagne, ils ne comprennent pas comment il a pu échapper à la justice aussi longtemps : « Quelque chose qui nous a frappés, c’est que Joël Le Scouarnec a pu commettre ces crimes durant 25 ans, bien qu’il ait été condamné en 2005 pour possession de matériel pédopornographique. Beaucoup s’interrogent sur les lacunes du système de santé français qui ont permis à cet individu de poursuivre ses activités criminelles dans plusieurs hôpitaux et cliniques« , explique Mavi Doñate.
Double épreuve médiatique : Le Scouarnec et Pélicot
Le procès de Joël Le Scouarnec a lieu quelques mois après celui de l’affaire Pelicot, qui avait déjà retenu l’attention des médias en Espagne. Carmen Corazzini, une journaliste spécialisée dans les affaires criminelles pour le journal 20 Minutos, évoque l’impact de ces deux affaires dans les médias : « Dans notre rédaction, nous avons été frappés par la proximité des deux affaires dans le temps. Rien de tel n’avait été vu auparavant.«
Les journalistes perçoivent cette succession de procès comme un miroir inquiétant de l’ampleur des violences sexuelles. Carmen Corazzini ajoute : « Deux affaires de cette envergure à si peu de temps d’intervalle, c’est vraiment exceptionnel. Nous peinons encore à digérer ce qui s’est passé avec l’affaire Pelicot et déjà un autre scandale nous rattrape.«
Après avoir couvert les viols de Mazan, la journaliste Carmen Corazzini suit de près le procès de Joël Le Scouarnec. Elle vient d’ailleurs de sortir son premier livre Personas, bestias (« Personnes, bêtes »), où elle explore les motivations derrière les crimes des meurtriers espagnols les plus redoutés.