Selon Ludovic Friat, intervenant lundi sur 42mag.fr, les responsables politiques agissent comme s’ils prenaient conscience pour la première fois des répercussions des textes législatifs qu’ils ont adoptés, surtout lorsque ces textes commencent à les concerner directement.
« Ce procès ne relève pas d’une nature politique », déclare lundi 31 mars sur 42mag.fr Ludovic Friat, le président de l’USM (Union syndicale des magistrats), suite à la condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité immédiate dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires européens du Rassemblement national.
Ludovic Friat souligne que « la décision et le procès ne sont pas d’ordre politique », mais que « les répercussions du procès », en revanche, le sont. Il insiste sur le fait qu’il ne faut pas « inverser les valeurs ». Pour le président de l’Union syndicale des magistrats, il est « inexact » de croire que la justice en France fonctionne comme dans certaines dictatures où elle serait influencée par le politique.
Le président de l’USM affirme clairement que le tribunal a rendu sa décision en toute indépendance et qu’il s’agit d’une décision « légale et conforme au droit ». Après « de longues semaines d’examen approfondi du dossier », les magistrats ont jugé que les actes commis par les membres du FN, rebaptisé RN, constituaient des infractions, des délits. « Le tribunal a considéré que cette infraction, en particulier, était suffisamment grave pour justifier une sanction pénale ferme ».
Une mise en œuvre de la loi Sapin II de 2016
Face aux nombreuses critiques politiques émises à l’encontre de cette décision judiciaire, Ludovic Friat tient à « rappeler ce qu’est notre état de droit ». Il précise « le juge se contente d’appliquer la loi », et remarque ensuite que cette loi « a été largement adoptée par le Parlement ». Il rappelle que la loi appliquée lors du procès du RN est « la loi Sapin II de 2016, votée à une large majorité ». Cette loi prévoit « une peine d’inéligibilité automatique pour ce type d’infraction ». Ludovic Friat déplore donc « que ce débat soit relancé hors du tribunal alors qu’il a déjà été tranché à l’Assemblée ».
Il s’interroge alors : « Les politiques acceptent-ils pour eux-mêmes la loi qu’ils ont votée ? » Il exprime son étonnement face au fait que « ils semblent découvrir les conséquences des lois qu’ils ont eux-mêmes adoptées lorsqu’elles les touchent directement ».