En raison des tensions géopolitiques entourant la question ukrainienne, on observe une montée des taux d’intérêt sur les emprunts des pays européens, l’Allemagne étant particulièrement touchée.
Le taux d’intérêt sur la dette allemande à dix ans, connu sous le nom de Bund, a atteint un niveau record depuis la réunification de l’Allemagne en 1990, s’élevant à 2,8%. Ce chiffre reflète les anticipations des marchés qui intègrent les importantes dépenses prévues pour soutenir les plans de réarmement en Europe. L’Union européenne a approuvé un projet ambitieux visant à consacrer 800 milliards d’euros à cette fin. Mardi 11 mars, Ursula von der Leyen a exhorté à lancer ces investissements sans attendre.
L’Allemagne est à l’avant-poste de cette initiative avec le programme de stimulation économique proposé par le futur chancelier Friedrich Merz. Ce plan prévoit un investissement de 500 milliards d’euros et une modification de la règle constitutionnelle connue sous le nom de « frein à la dette ». Cette approche marque une rupture avec la tradition allemande de discipline budgétaire pour permettre une augmentation des crédits militaires, ce qui a dynamisé le marché des obligations.
Effet de contagion en France
Le taux d’emprunt allemand influence les marchés financiers, ce qui se répercute inévitablement sur la France. Le rendement des obligations françaises à dix ans a atteint 3,54% ce jeudi matin, un sommet jamais observé auparavant. D’après la Banque de France, ce rendement a grimpé de 0,4% en seulement une semaine. Bien que la France n’ait pas encore dévoilé de plan de relance spécifique, son économie est intimement liée à celle de l’Allemagne, les deux pays constituant ensemble le cœur économique de la zone euro.
Cette hausse des taux concerne les 300 milliards d’euros que la France prévoit d’emprunter en 2025, s’ajoutant à sa dette actuelle qui s’élève déjà à 3 000 milliards d’euros. Pour le gouvernement dirigé par François Bayrou, engagé dans une démarche de redressement budgétaire, c’est un véritable défi. Il s’agira de gérer ces nouvelles contraintes financières avec une grande prudence pour éviter d’alourdir encore plus la charge sur les citoyens français. N’oublions pas la promesse d’Emmanuel Macron, le président français, de ne pas augmenter les impôts.
Par ailleurs, l’engagement de la France envers le renforcement de son effort de défense nécessite des financements supplémentaires, évalués à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Cette escalade des taux d’intérêt survient à un moment particulièrement critique. Pour ajouter à ces préoccupations, l’agence de notation Fitch doit publier, vendredi 14 mars, sa nouvelle évaluation de la capacité de la France à honorer ses dettes. Jusqu’à présent, Fitch n’a pas exprimé d’inquiétudes, mais à Matignon et au ministère de l’Économie, l’inquiétude reste palpable.