Le membre de La France insoumise reproche au ministre de l’Intérieur de saisir chaque occasion pour intensifier les tensions avec l’Algérie.
Éric Coquerel, député de La France Insoumise (LFI) et président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, pense que « Bruno Retailleau prépare sa campagne présidentielle en se basant sur des idées d’extrême droite ». Il a exprimé cette opinion le mercredi 5 mars sur les ondes de France Inter. En plein milieu des tensions croissantes entre Paris et Alger, Coquerel critique le ministre de l’Intérieur pour sa position intransigeante, l’accusant d’« utiliser n’importe quel prétexte » pour intensifier le conflit avec l’Algérie.
Deux jours plus tôt, le responsable du ministère de l’Intérieur avait annoncé : « Nous compilons actuellement une liste détaillée de plusieurs centaines d’individus qui présentent des risques ». Il a précisé que « bien entendu, ils ne représentent pas tous le même niveau de menace », et a ajouté que « ces personnes, reconnues comme ressortissantes algériennes, seront présentées aux autorités algériennes » dans le but de les persuader de les reprendre.
Un discours qui renforce des relations ancien colonisateur-colonisé
Éric Coquerel déclare que les propos de Bruno Retailleau visent à « stigmatiser certains de nos concitoyens comme des ennemis en puissance ». Il poursuit en soulignant que « le ministre de l’Intérieur se comporte comme s’il était à la tête de la diplomatie française et semble vouloir instaurer, via l’Algérie, les divisions internes en France à l’encontre des citoyens d’origines diverses ». Selon lui, le discours agressif du ministre ne produira « absolument aucun résultat » en ce qui concerne les relations avec Alger. Coquerel considère que le discours de Retailleau met en évidence « une dynamique entre l’Algérie et la France qui évoque la relation entre un ancien colonisateur et un colonisé ».
Le fait que l’Algérie refuse de laisser entrer ses nationaux concernés par une expulsion, y compris l’auteur de l’attaque de Mulhouse le 22 février, a aggravé une situation déjà tendue entre les deux pays. Cette détérioration des relations s’est intensifiée après que la France a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en juillet dernier. L’incarcération à mi-novembre de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, a également généré des frictions notables entre Paris et Alger.