Un sujet délicat, une diversité au sein du gouvernement et des ambitions individuelles : la problématique du port du voile lors des événements sportifs a révélé les divisions internes de l’exécutif. On observe l’émergence de trois groupes distincts au sein du gouvernement : ceux qui soutiennent fermement l’interdiction, les proches du président, et les ministres de gauche qui adoptent une position plus réservée.
La question de l’autorisation du port du voile dans le domaine sportif a suscité des divergences au sein des membres du gouvernement. Afin d’atténuer le désordre apparent, François Bayrou a dû intervenir pour rappeler ses ministres à l’« unité » le mardi 18 mars. Malgré tout, ce sujet continue de diviser. Un premier groupe au sein du gouvernement, composé principalement de figures influentes, s’accorde sur l’interdiction du voile dans les événements sportifs. À la tête de cette coalition, on trouve Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, et Gérald Darmanin, ministre de la Justice, formant un duo étroitement lié partageant conseils stratégiques et repas. Autour d’eux s’articule un groupe de partisans, dont Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement, qui soutient ouvertement Bruno Retailleau pour la présidence des Républicains.
D’autres ministres proches d’Édouard Philippe, ayant des racines à droite, viennent renforcer ce clan : Charlotte Parmentier Lecoq (en charge du Handicap), Laurent Marcangeli (Fonction publique), et Annie Genevard (Agriculture), ainsi que Philippe Tabarot (Transports) et Véronique Louwagie (Commerce). Bon nombre d’entre eux, ayant été affiliés à l’UMP, se réunissent souvent pour des repas ministériels, renforçant ainsi leur réseau d’influence.
En parallèle, un second groupe émerge, composé des loyaux alliés du président. Ces ministres, intégrés dans l’entourage présidentiel, privilégient l’harmonie. Parmi eux, on peut citer Sébastien Lecornu (Armées), Patricia Mirallès (Anciens combattants), Catherine Vautrin (Santé/Travail) et Rachida Dati (Culture). Bien que leur position soit moins mise en avant, leur fidélité indéfectible envers Emmanuel Macron leur garantit une certaine pérennité dans l’équipe gouvernementale.
Une fraction de gauche au sein du gouvernement en manque de cohésion
Enfin, un troisième groupe, plus précaire, se compose des ministres orientés à gauche. Ce collectif manque de structure et peine à influer sur les discussions internes. Élisabeth Borne (Éducation nationale) a tenté de se rapprocher de la ministre des Sports, Marie Barsacq, sur la question du port du voile, elle avait même envisagé un petit-déjeuner avec d’autres ministres de gauche affiliés au macronisme, avant d’y renoncer.
D’autres, comme Agnès Pannier-Runacher (Environnement), n’ont pas réussi à obtenir un soutien suffisant de leurs collègues. Quant aux anciens leaders de la gauche intégrés au gouvernement lors de la dernière restructuration, tels que Manuel Valls (Outre-mer) et Juliette Méadel (Ville), leur silence sur des sujets controversés comme le port du voile ou les relations avec l’Algérie n’a fait qu’accentuer leur marginalisation.