L’instauration des « zones à faibles émissions » (ZFE) a été envisagée dès 2019 avec pour objectif de réduire progressivement l’entrée des véhicules anciens et polluants dans les grandes agglomérations. Ces zones, bien que récemment abrogées en commission à l’Assemblée nationale, sont au centre d’un débat parlementaire intense. De plus, elles suscitent de vives discussions autour des données chiffrées. Les députés devront se prononcer sur cette question au début du mois d’avril.
Voici ce que déclarait vendredi 28 mars 2025 sur TF1, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique : « Concernant les Zones à Faibles Émissions (ZFE), beaucoup de choses ont été dites. Certaines personnes affirment que 13 millions de véhicules sont concernés, ce qui est bien sûr incorrect et fort heureusement. Pour l’agglomération de Lyon, cela touche 40 000 véhicules », a-t-elle précisé, « et pour celle de Paris, environ 600 000 véhicules ».
Un sujet qui divise fortement
Si l’on considère le chiffre de 13 millions de voitures concernées par les ZFE depuis le 1er janvier, que la ministre qualifie d’exagéré, tout dépend du contexte de cette estimation. Si l’on inclut l’ensemble des voitures immatriculées en France, jugées trop polluantes pour entrer dans ces zones, alors ce chiffre se rapproche de la réalité : en 2024, la France comptait environ 11,5 millions de véhicules classés Crit’Air 3 ou plus, sur un total d’environ 40 millions. Cela représente environ 30% du parc automobile total selon les sources officielles. Ainsi, certains critiques des ZFE affirment que « plus de 10 millions de personnes » pourraient être concernées.
Cependant, ce total inclut également les habitants des zones rurales ou de petites villes qui ne sont pas directement concernés par les ZFE et ne traversent ces zones que rarement, voire jamais.
Une question de perspectives
En revanche, si l’on se concentre uniquement sur l’impact de ces mesures de restriction de circulation pour les automobilistes fréquentant régulièrement ces zones, les chiffres diminuent sensiblement. C’est l’approche adoptée par la ministre de l’Écologie. Agnès Pannier-Runacher mentionne notamment deux chiffres : 600 000 automobilistes à Paris affectés. Ce chiffre correspond au nombre de véhicules classés Crit’Air 3 ou plus dans le Grand Paris.
Pour l’agglomération de Lyon, près de 40 000 conducteurs sont concernés. Toutefois, ce nombre est probablement une sous-estimation. Selon les dernières études d’impact de l’agglomération lyonnaise, on serait plutôt proche du double. Ces études prennent en compte non seulement les propriétaires vivant dans les ZFE lyonnaises, mais aussi ceux qui s’y rendent quotidiennement pour le travail.
La difficulté de mesurer l’impact exact de ces restrictions
Les estimations restent incertaines et sujettes à débat, notamment en raison de la vaste marge de manœuvre laissée aux autorités locales et des nombreuses exceptions possibles : par exemple, pour les conducteurs nocturnes à Paris ou ceux qui ne roulent qu’occasionnellement à Lyon. L’impact de ces restrictions sur le passage des vacanciers à travers les grandes villes reste également flou.