Fabien Gay sollicite le gouvernement pour qu’il adopte des mesures législatives visant à « subordonner ces aides à la préservation des emplois. » Il préconise également de réclamer le remboursement des aides au cas où les sites ne subiraient pas une décarbonation.
« L’État ne peut pas rester inactif comme il le fait depuis sept ans », affirme jeudi 24 avril sur 42mag.fr Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis et rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur l’aide publique aux grandes entreprises. Le groupe ArcelorMittal a annoncé mercredi la suppression de plus de 600 emplois en France. « Je suis extrêmement en colère contre la direction de Mittal bien sûr, mais également contre l’inertie et la passivité » du gouvernement, déclare le sénateur.
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a exhorté l’entreprise à accélérer ses efforts de décarbonisation « qui doivent contribuer au maintien de l’emploi, il est temps maintenant de concrétiser ces projets ». Selon Fabien Gay, « ce ne sont que des paroles, en réalité, c’est du vent ». « Ils ne feront rien. Depuis sept ans à la tête du pouvoir, ils ne font rien. Ils restent spectateurs. Ils accompagnent les manœuvres financières des groupes », précise-t-il, en citant l’exemple de STMicroélectronique.
Près de 300 millions d’euros de soutien en 2023
En 2023, ArcelorMittal France a bénéficié d’aides, qu’elles soient directes ou indirectes, pour un total de 298 millions d’euros, notamment pour appuyer la décarbonisation. « Nous devrions au moins exiger des comptes, au moins garantir le maintien des emplois et des compétences industrielles. Ce n’est pas ce qui est fait. Ce sont encore des paroles, et je suis extrêmement furieux », martèle le sénateur.
Fabien Gay sollicite l’action du gouvernement pour « légiférer » afin de « conditionner ces aides à la préservation des emplois ». Il envisage même « une prise de participation directe » dans le groupe, car « l’acier est un secteur stratégique, et il en va de notre souveraineté ». « Nous ne pouvons pas continuer à financer de grandes entreprises qui génèrent des milliards en bénéfices et distribuent des millions, voire des centaines de millions d’euros de dividendes chaque année à leurs actionnaires », poursuit-il.
Le sénateur demande « une lutte politique et sociale massive aux côtés des travailleurs ». « Si ArcelorMittal refuse de décarboner le site, nous devrons assumer nos responsabilités, et la question de la nationalisation » se posera, selon lui, tout comme « la question du remboursement des aides versées sur plusieurs années, car c’est énormément d’argent qui a été alloué ».