À partir de mercredi, le Premier ministre prévoit de rencontrer successivement les représentants des différentes forces politiques. Malgré les désaccords, il a l’intention de progresser.
François Bayrou a fait de ce sujet l’un de ses principaux engagements politiques. Maintenant qu’il est à Matignon, réussira-t-il à transformer le mode de scrutin législatif ? Le leader du MoDem a demandé à plusieurs présidents successifs — Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron — de modifier le système électoral, afin que chaque parti ait une représentation plus équitable au sein de l’Assemblée nationale. Cela impliquerait de proportionner le nombre de sièges au nombre de voix reçues, avec une liste unique, remplaçant ainsi l’élection d’un député par circonscription. En tant que chef du gouvernement, il s’apprête à recevoir ce mercredi les représentants des différents partis pour discuter officiellement de cette potentielle réforme.
Cependant, les opinions divergent au sein de la classe politique. Voici un aperçu des positions : le Rassemblement National a toujours été en faveur de cette réforme, surtout à l’époque où le parti comptait peu de députés, même si la situation a changé aujourd’hui. Marine Le Pen, qui dirige le groupe au Palais Bourbon, considère cette réforme comme une condition pour éviter la censure. Les écologistes et La France Insoumise soutiennent également la réforme, tandis que les socialistes sont divisés. Pour certains, cela pourrait briser les « chaînes » qui les lient à La France Insoumise et aux accords électoraux nécessaires pour conserver leurs sièges. Certains membres de la coalition au pouvoir rêvent de séparer totalement les socialistes du Nouveau front populaire pour établir une grande alliance, ce qui agace la gauche plus radicale, qui est réticente à l’idée de la proportionnelle.
Réticences à l’extrême gauche et à droite
La droite montre aussi des réserves. Même au sein du gouvernement, Bruno Retailleau, figure des Républicains, ne soutient pas cette réforme. « Cela risquerait simplement de rompre le lien avec nos électeurs et de nous déconnecter », explique un député de la majorité présidentielle au micro de 42mag.fr, ajoutant que l’Assemblée est déjà divisée et que les coalitions seraient toujours aussi difficiles à former. Selon lui, François Bayrou en fait une affaire personnelle : « Le Premier ministre veut surtout marquer l’histoire, mais il n’irait pas jusqu’à mettre en péril sa position à Matignon pour cela ». De plus, en dehors de se mettre d’accord sur le principe, il faudrait s’entendre sur le type de proportionnelle, ses modalités, et réussir à faire adopter une loi au Parlement. Ce qui pourrait encore prendre un certain temps.