Pour économiser 40 milliards d’euros, le gouvernement envisage de diminuer les dépenses de santé, en ciblant particulièrement les arrêts maladie. Suite à la réduction du plafond des indemnités, l’exécutif pourrait désormais s’intéresser à la diminution du nombre de jours de carence.
Le mardi 15 avril, lors de la conférence consacrée aux finances publiques, François Bayrou a souligné l’impact financier des arrêts maladie, qui atteignent chaque année 17 milliards d’euros, soit une hausse de 25 % par rapport à la période de la pandémie. Les arrêts de travail sont de plus en plus fréquents et s’allongent. Bien que le vieillissement démographique en soit une cause partielle, ce phénomène ne suffit pas à justifier une telle augmentation. De plus, l’accroissement des arrêts de travail concerne également les jeunes.
Cette hausse questionne notre rapport au travail. Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, attribue cela à des méthodes managériales inefficaces. Selon elle, les structures managériales, trop hiérarchiques, manquent d’écoute et de participation, ce qui engendre une perte de sens chez les employés. En simplifiant, les salariés pourraient se mettre en arrêt maladie par épuisement professionnel. Le gouvernement envisage donc de collaborer avec les syndicats pour optimiser les conditions de travail. Après avoir déjà réduit quelque peu les niveaux de remboursement, le gouvernement pourrait envisager d’autres mesures budgétaires, comme l’extension des jours de carence.
Recommandations de la Cour des comptes concernant le remboursement basé sur les revenus
Patrick Martin, leader du Medef, a exprimé son souhait de responsabiliser davantage les patients lors de son intervention sur 42mag.fr le 15 avril. Il propose de cesser le remboursement des soins pour les patients hospitalisés qui refusent la vaccination. À son avis, il serait logique que ces patients paient pour leurs choix. Ce raisonnement pourrait également s’appliquer à d’autres cas, comme les fumeurs qui ne cherchent pas à cesser de fumer et bénéficient de la prise en charge collective en cas de cancer du poumon, ou toute personne négligeant sa santé.
Une autre proposition audacieuse pour combler le déficit: la Cour des comptes recommande de solliciter davantage les contribuables aisés. Il s’agirait de moduler le remboursement des soins de santé, médicaments et dépenses en fonction des revenus. Les plus fortunés recevraient ainsi moins de remboursements de l’assurance maladie. L’idée s’inspire du modèle allemand et avait été mentionnée par Éric Lombard, ministre de l’Économie, en janvier dernier. Cela s’oppose au principe fondateur de la sécurité sociale établie il y a 80 ans : contribuer selon ses moyens et recevoir selon ses besoins. Cette approche représente un réel changement, face auquel les syndicats ne sont pas favorables. Elle comporte des risques, notamment la possibilité pour les assurés sociaux les plus aisés de refuser de cotiser.