Jeudi, les syndicats se préparent à parcourir les rues de nombreuses villes à travers le pays, un rituel annuel. Cependant, cette année, le 1er mai pourrait revêtir une dimension politique particulière, surtout en pensant à l’élection présidentielle qui, bien qu’elle soit dans deux ans, occupe déjà les esprits de nombreux citoyens.
Ce 1er mai s’annonce avant tout comme une date clé sur le plan social, avec des syndicats bien décidés à laisser leur empreinte. En premier lieu, ils digèrent mal le conclave toujours en cours concernant les retraites, notamment parce qu’ils n’obtiendront pas le retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans.
Ensuite, la préparation du budget 2026, avec les 40 milliards d’euros d’économies que le gouvernement cherche à réaliser par tous les moyens, cristallise aujourd’hui tous les mécontentements.
Diminution fiscale, regroupement d’agences étatiques, réintroduction d’une taxe d’habitation…
Les retraités pourraient voir leur réduction fiscale de 10 % disparaître. Les fonctionnaires pourraient être affectés par la suppression ou la fusion de certaines agences étatiques. Plus généralement, les Français craignent l’apparition d’un nouvel impôt, malgré la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron et les assurances répétées du gouvernement de ne pas vouloir augmenter les impôts.
Il est donc probable que des manifestations bien fournies aient lieu ce jeudi, offrant ainsi à la gauche l’occasion de revenir sur le devant de la scène politique. Les quatre formations de gauche qui composent le Nouveau Front populaire ont déclaré leur intention de se joindre aux manifestations, bien que les divisions internes soient encore très visibles.
Mi-avril, Jean-Luc Mélenchon avait déjà fixé le ton en accusant « ceux qui n’avaient pas voté la censure » contre François Bayrou, en particulier le PS, d’être autant « responsables de la guerre sociale » menée, selon lui, par le gouvernement.
Le tout dans un climat politique tendu après le terrible assassinat d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, alors qu’Emmanuel Macron a reçu des représentants des institutions musulmanes à l’Élysée mardi pour tenter de rétablir le calme.
Le 1er mai du RN, loin des rassemblements
On peut donc s’attendre à des cortèges hautement politisés, sans oublier le Rassemblement national, qui continue de faire du 1er mai une date emblématique de son calendrier politique. Loin de la rue, le RN modernise son approche : fini le traditionnel hommage à Jeanne d’Arc. Jordan Bardella et ses militants préfèrent désormais organiser un grand rassemblement chaque 1er mai.
Cet événement aura lieu cette fois à Narbonne, une zone qui soutient fortement leur cause : les trois députés du département appartiennent au RN. Ce sera l’occasion d’une intervention très attendue de Marine Le Pen, toujours en attente de son procès en appel prévu pour juin 2026.
Ce 1er mai promet donc d’offrir deux atmosphères bien distinctes.