Depuis plusieurs années, un plan concernant la planification à long terme de l’énergie est en cours d’élaboration en France. Ce document spécifique établit les cibles en matière de consommation et de génération d’énergie. Cependant, un différend a surgi à ce sujet parmi les membres de l’Assemblée.
Lundi 28 avril, François Bayrou présentera son plan sur « la souveraineté énergétique de la France » pour la prochaine décennie, suscitant des discussions vives sur un sujet sensible. Les députés auront l’opportunité d’en délibérer dans l’hémicycle sans qu’un vote ne soit prévu. En jeu : le plan énergétique de la France pour 2025 à 2035, visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, ce projet est critiqué par le Rassemblement national, qui menace de censurer le gouvernement.
Ce plan énergétique s’inscrit dans la continuité de plusieurs années de préparation et vise à définir les objectifs de consommation et de production du pays. Un décret doit formaliser ces mesures, mais des députés de divers groupes souhaitent pouvoir voter.
Un décret controversé ?
Le Rassemblement national milite notamment pour une loi qui impliquerait le Parlement plutôt qu’un décret, jugeant le choix de ce dernier « impardonnable« , selon Marine Le Pen. « L’importance des enjeux énergétiques nécessite une plus grande implication parlementaire« , affirme l’un de ses alliés, critiquant le gouvernement de vouloir passer en force pour éviter un rejet à l’Assemblée. Ce débat cache une opposition fondamentale : le RN plaide pour un renforcement du nucléaire, élément central de leur plan « Marie Curie », présenté auparavant par Marine Le Pen. Le parti critique le gouvernement pour favoriser le solaire et l’éolien au détriment de l’énergie nucléaire. Cette posture suscite l’ire du gouvernement, qui considère ces arguments électoralistes.
Quant à la menace de censure, un proche de François Bayrou la considère quotidienne et insiste sur l’urgence de publier cette stratégie énergétique, surtout face à l’impatience des acteurs du secteur qui demandent de la clarté. Les industriels, comme les fabricants d’éoliennes en mer, poussent pour une action rapide.
Inquiétudes dans le secteur
Le document inclut des appels d’offres pour les futurs parcs, avec le prochain prévu à l’été 2025, ce qui exige une mise en œuvre rapide. Jules Nyssen, président du syndicat des énergies renouvelables, avertit : « Sans appels d’offres, les quatre usines françaises se retrouveront sans commandes, menaçant 8 000 emplois et 20 000 potentiels. Retarder le programme éolien en mer affaiblirait considérablement ces installations, surtout que d’autres pays européens avancent sans attendre« , explique-t-il.
Une autre industrie, celle des hydroliennes, est également en attente de perspectives claires. Cette technologie promet de fournir de l’électricité à environ 8 millions de personnes, selon Guillaume Gréau, responsable chez Hydroquest. « Un appel d’offres tardif serait désastreux pour nous. Il est crucial de passer rapidement du projet pilote prévu pour 2028 à des initiatives commerciales futures« , prévient-il. Les industriels exhortent le gouvernement à publier le décret maintenant, quitte à le modifier après les débats parlementaires.