Le développement du projet de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, qui joue un rôle crucial dans la gestion des politiques énergétiques, est actuellement à l’arrêt.
« L’ensemble du système de production d’électricité sans carbone est en crise », avertit vendredi 4 avril Jules Nyssen, président du syndicat des énergies renouvelables, lors de son intervention à la radio France Inter. La situation est tendue concernant l’avenir de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), actuellement en attente de décision. Deux jours auparavant, le syndicat avait adressé une lettre au Premier ministre François Bayrou pour l’alerter des menaces pesant sur la filière des énergies renouvelables et demander une adoption rapide par décret. La PPE est un instrument central pour diriger la politique énergétique en France, en fixant un cadre pour assurer la sécurité en matière d’énergie, contrôler les coûts et chercher à diminuer la dépendance aux ressources fossiles comme le gaz et le pétrole dans le cadre énergétique national.
La précédente programmation pluriannuelle s’est achevée en 2024. Toutefois, en raison de la dissolution et du retardateur sur le budget 2025, la nouvelle PPE n’a pas encore été approuvée. Des représentants politiques de droite et du centre exigent un débat parlementaire au préalable. Une adoption par décret est envisagée dans les jours à venir, mais le Rassemblement national, qui a même menacé le gouvernement avec une motion de censure, ainsi que certains représentants centristes et Républicains, font pression pour que le Parlement en discute et vote avant que le décret soit entériné. Ils critiquent un déséquilibre prétendu entre l’importance conférée au nucléaire par rapport aux énergies renouvelables, en faveur de ces dernières. François Bayrou suggère qu’un débat sans vote soit mené au Parlement prochainement, sans préciser davantage le calendrier.
« Le danger de dépendre des fluctuations géopolitiques »
« C’est tout le soutien envers le système de production d’électricité sans carbone qui est en péril, et je pourrais ajouter que le programme du nouveau nucléaire n’est inscrit nulle part dans les documents réglementaires actuels », indique Jules Nyssen. « Nous risquons finalement de nous enliser dans une situation d’immobilisme », déplore-t-il. « Cela nous rend tributaires des incertitudes géopolitiques, cela nous place sous l’emprise de Donald Trump, cela nous laisse sous l’influence de la Russie. Je pense que personne ne souhaite cela », précise-t-il.
Bien qu’il ne nie pas la pertinence du débat démocratique, Jules Nyssen appelle à une adoption sans délai du nouveau PPE, qui regarde vers 2035. En parallèle, le débat parlementaire potentiel pourrait se concentrer sur « l’objectif de 2050 et l’atteinte de la neutralité carbone ». Cela offrirait, selon lui, un moyen de « mélanger la nécessité du dialogue démocratique avec l’urgence des enjeux énergétiques ».