Le militant engagé Ritchy Thibault, qui a exhorté dimanche à « organiser des brigades d’autodéfense populaire contre l’islamophobie », fait l’objet d’une plainte de Yaël Braun-Pivet pour être entré au Palais Bourbon malgré une interdiction d’accès qu’il devait respecter.
Un collaborateur parlementaire dont l’accès au Palais Bourbon est interdit, c’était déjà une première. Désormais, l’affaire prend un nouveau tournant avec une plainte déposée par la présidente de l’Assemblée. Yaël Braun-Pivet a intenté une action en justice le mardi 29 avril contre Ritchy Thibault, qui travaille pour la députée insoumise Ersilia Soudais. Il lui est reproché d’avoir essayé de pénétrer dans le périmètre de l’Assemblée nationale, malgré une interdiction en vigueur depuis début avril. Celle-ci fait suite à un rassemblement de collaborateurs parlementaires qui a dégénéré en incident avec des membres du média identitaire Frontières dans les jardins de l’Assemblée le 9 avril. La présidente l’accuse d’avoir attisé les tensions ce jour-là.
Ce jeune militant, qui est « gilet jaune » et défend activement la cause des gens du voyage, fait souvent parler de lui. Encore le dimanche 27 avril, il s’est illustré en appelant à « former des brigades d’autodéfense populaire contre l’islamophobie », lors d’un hommage à Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée du Gard. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a saisi la justice pour examiner cet appel, sachant qu’à l’automne dernier, il avait également demandé à Paris une « intifada », un soulèvement en solidarité avec Gaza. Des plaintes ont aussi été déposées contre lui par Jordan Bardella, dirigeant du RN, et Emmanuel Macron pour menaces.
Une mesure de sécurité ?
En conséquence, Ritchy Thibault demeure interdit de Palais Bourbon, bien qu’il soit toujours en poste comme collaborateur parlementaire. La présidente estime qu’il constitue un risque pour la sécurité des lieux et des 4 000 personnes qui y travaillent, ainsi que pour les députés, en raison des troubles engendrés lors des deux rassemblements et de ses appels à l’insurrection. Dans l’entourage de Yaël Braun-Pivet, on souligne qu’un collaborateur a la possibilité de faire entrer des visiteurs à l’Assemblée en les inscrivant simplement sur un registre, une procédure jugée inquiétante par certains.
Au sein de La France insoumise, le leader du mouvement, Manuel Bompard, a pris ses distances mardi sur 42mag.fr par rapport à l’appel de ce militant à la création de « brigades d’autodéfense ». Des sources indiquent à 42mag.fr que ce jeune homme suscite un malaise au sein du groupe, y compris auprès de sa propre députée, bien que certains collaborateurs critiquent aussi la position de Yaël Braun-Pivet. À leurs yeux, cette interdiction de l’accès à l’Assemblée constitue une décision arbitraire, sans fondement légal. « La suite du LFI bashing », s’indigne l’un d’eux. Ils protestent également que les collaborateurs doivent pouvoir accéder à l’intérieur pour, par exemple, obtenir des billets de train afin de se rendre en circonscription ou pour remettre des documents à leur député. Ce que Ritchy Thibault, que certains voient sur le départ, ne peut plus faire.