Dans un passage de l’émission « Complément d’enquête » qui traite de Jean-Luc Mélenchon, Danielle Simonnet, ex-députée du parti La France insoumise, partage un événement qu’elle considère avoir subi comme du « harcèlement moral politique ». Elle précise qu’elle n’avait jamais évoqué cette expérience auparavant.
L’histoire commence en décembre 2021, à l’approche des investitures pour les élections législatives de juin 2022. Sophia Chikirou, une conseillère en communication très proche de Jean-Luc Mélenchon, a l’intention de poser sa candidature dans la 15e circonscription de Paris. Cette initiative est contestée par Danielle Simonnet, une figure emblématique du mouvement insoumis, qui est déjà bien implantée dans ce quartier et candidate également.
En réponse à cette opposition, le comité électoral de La France Insoumise (LFI) décide d’assigner Sophia Chikirou à une circonscription adjacente. Cependant, cette décision ne plaît pas non plus aux militants locaux. Jean-Luc Mélenchon en vient à accuser Danielle Simonnet de soutenir une rébellion locale contre Chikirou. Malgré ses dénégations et ses demandes de discussion en face-à-face avec Mélenchon, Simonnet reçoit de lui sur Telegram une série de messages « de plus en plus violents et tendus ». Pour prouver ses dires, elle s’est résolue à partager avec « Complément d’enquête » des captures d’écran de ces messages, alors que l’émission s’apprête à diffuser un numéro sur le leader de LFI le 24 avril.
Trois mois de pressions et de menaces
Le premier message montré par Danielle Simonnet est succinct : « Ne crois pas que je ne me rende pas compte », écrit Mélenchon en pleine période électorale. Les messages qui suivent prennent un ton plus menaçant, avec des expressions tel que « les sales manigances des planqués contre le dispositif central » et concluent par : « Je vous passerai tous à la trappe et c’est tout. J’attends d’être scrupuleusement entendu. »
Ces menaces et intimidations auraient persisté pendant environ trois mois, mais malgré cela, Danielle Simonnet, restant convaincue par la stratégie politique de LFI, a continué son engagement « par loyauté ». Elle se rappelle devant les caméras : « Se lever tous les matins, faire du porte-à-porte, mener la campagne de Jean-Luc Mélenchon alors que vous aviez dans votre téléphone tous ces messages-là, d’une violence absolue, ce n’était quand même pas évident. »
À ce moment, Jean-Luc Mélenchon n’a pas souhaité répondre à « Complément d’enquête » au sujet de cet épisode. Interrogée par Tristan Waleckx dans l’émission, Mathilde Panot, la cheffe de file du groupe LFI à l’Assemblée nationale, déclare de son côté qu’elle n’était pas au courant de ces messages, qu’elle qualifie de « simples engueulades » au sein de « discussions politiques ».
Une demande d’explications restée sans réponse
Deux ans après ces événements, à la suite des révélations de « Complément d’enquête » sur Sophia Chikirou en octobre 2023, Danielle Simonnet décide de demander des comptes à son mouvement pour la première fois. Dans une lettre de trois pages, elle réitère, point par point, les accusations portées contre la communicante par plusieurs collaborateurs : messages à connotation homophobe, méthodes de management agressives… Elle conclut en disant : « Compte tenu de notre attachement (…) à la lutte contre la souffrance au travail et contre le harcèlement moral, il me semble essentiel que Sophia Chikirou nous fournisse des explications ».
Ces explications, Danielle Simonnet ne les a jamais reçues. Jean-Luc Mélenchon n’a pas répondu non plus à « Complément d’enquête » sur ce sujet, devenu encore plus sensible depuis septembre 2024. C’est à cette date que Sophia Chikirou, soupçonnée d’avoir facturé excessivement ses prestations au candidat insoumis lors de la présidentielle de 2017, a été mise en examen pour « escroquerie aggravée ».
Extrait de « Jean-Luc Mélenchon : la lutte finale ? », à suivre dans « Complément d’enquête » le 24 avril à 23 heures sur France 2 et france.tv.