Marine Le Pen dit que la décision d’un tribunal français l’interdisant de la course présidentielle de 2027 équivaut à une « mort politique ». Le leader d’extrême droite a été reconnu coupable de détournement de fonds de l’UE – un coup non seulement pour elle, mais pour le parti national de rallye qu’elle a passé des décennies à se transformer en une force éligible. Mais est-ce vraiment la fin – ou juste le début d’un nouveau chapitre plus radical pour l’extrême droite?
Les procureurs « veulent ma mort politique », a déclaré Le Pen en novembre dernier au cours du procès de neuf semaines pour une mauvaise utilisation des fonds de l’UE par elle et 24 autres responsables du parti entre 2006 et 2014.
Lundi, les juges ont reconnu tous les accusés coupables. En tant que leader du rassemblement national à l’époque – alors appelé le Front national – Le Pen a reçu la peine la plus dure: une interdiction de cinq ans pour se présenter à ses fonctions, une peine de quatre ans de prison (deux avec sursis) et une amende.
Le Pen a dit qu’elle ferait appel. Cela signifie que la peine de prison – qu’elle servirait à la maison – et les amendes sont suspendues pendant que le processus judiciaire se déroule.
Mais l’interdiction a pris effet immédiat. Les juges ont utilisé un mécanisme rarement appliqué appelé provisoire d’exécutionqui permet à certaines décisions de postuler immédiatement malgré un appel. Le juge président a déclaré que cela était nécessaire pour protéger l’ordre public et empêcher la récidive.
Cette décision a été cruciale. Sans cela, Le Pen aurait encore pu se dérouler en 2027, car les appels en France peuvent prendre des années à résoudre.
Le Pen s’est présenté à la présidence à trois reprises. Ses chances de gagner n’avaient jamais été plus fortes, ont montré des sondages récents.
«Je ne vais pas me laisser éliminer comme ça», a-t-elle promis des heures de télévision aux heures de grande écoute après le verdict, qualifiant la décision de «scandale démocratique».
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Perdre le billet gagnant
Le tribunal a appris que le parti de Le Pen utilisait des enveloppes de 21 000 € par mois – destinées aux assistants des députés de députés – pour payer à la place d’autres membres du personnel tels que des chauffeurs et des gardes du corps.
Le Pen a déclaré qu’elle était «innocente» et a blâmé la confusion administrative sur les rôles du personnel travaillant à Bruxelles ou en France.
«Des millions de Français sont indignés», a-t-elle insisté. Elle a également affirmé que le tribunal avait violé l’état de droit en mettant en œuvre des mesures «réservées aux régimes autoritaires».
Malgré le contrecoup, les experts juridiques affirment que le verdict était prévisible.
Le politologue Frédéric Sawicki a souligné une loi anti-corruption de 2016, soutenue par rapport aux législateurs de l’IR, qui permet aux interdictions de prendre effet immédiatement, même si un appel est déposé.
Si le tribunal n’avait pas appliqué cette règle, Sawicki a déclaré que Le Pen aurait pu se présenter en 2027. Si elle gagnait, l’interdiction n’aurait pas pris effet jusqu’à la fin de son mandat – en 2032 au plus tôt.
Mais sous la pression des retombées, la cour d’appel de Paris a déclaré mardi qu’elle examinerait l’affaire à temps pour régner d’ici l’été 2026, accordant un temps pour une campagne électorale si la condamnation est annulée.
Le Pen a accueilli cette décision. Pourtant, les preuves révélées au cours du procès suggèrent que ses chances d’acquittement sont minces.
« Nous avons perdu notre billet gagnant », a déclaré à 42mag.fr un maire adjoint à Hénin-Beaumont, un bastion de l’information du nord de la France.
L’ancienne ville de la rouille est depuis longtemps un fief pour l’extrême droite. Le Pen a fait 64% des voix là lors des élections législatives de l’été dernier.
« Je pense qu’ils avaient très peur qu’elle soit présidente lors des prochaines élections. Donc, tout a été fait pour l’évoquer », a déclaré Patricia, une pensionnée locale, s’adressant à Victorien Willaume de 42mag.fr.
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Jouer à la carte victime
« C’est une conviction parfaitement scandaleuse », a déclaré le maire de l’information de la ville, Steeve Boris. Les juges «étaient désespérés d’obtenir Marine Le Pen. Nous ne sommes plus assistés à une République des juges, mais à une dictature de juges».
La présidente de RN, Jordan Bardella – un homme de 29 ans avec un grand suivi de Tiktok suivant – a publié une pétition en ligne utilisant la même langue.
Il a accusé une «dictature de juges» d’avoir tenté de bloquer la volonté du peuple et a lancé une campagne avec le slogan «Sauvons la démocratie, soutenons Marine», appelant à une «mobilisation populaire et pacifique».
« Il est clair que Jordan Bardella et un certain nombre de dirigeants de RN tentent d’aller très, très loin dans la victimisation et le soutien de Marine Le Pen au-delà de toute raison », a déclaré le sociologue Erwan Lecoeur, qui étudie l’extrême droite.
Bien que la décision de la Cour soit clairement un coup pour Le Pen, elle n’est pas nécessairement fatale pour le parti.
Lecoeur a souligné un récent sondage montrant que 70% des Français croient que Le Pen devrait être traité comme tout autre citoyen – et soutenir sa condamnation.
« Mais elle a tourné la table et dit » maintenant je suis victime d’un système « », a déclaré Lecoeur. «Elle fait disparaître les raisons de sa condamnation.»
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Plan B
Si Le Pen perd son appel, elle sera hors de la course présidentielle, mais le parti peut passer au plan B comme dans « Plan Bardella ».
Bardella a déclaré que s’il gagnait la présidence, il choisirait Le Pen comme Premier ministre – ce qu’il peut légalement faire car c’est une nomination, pas un poste élu.
« On parle d’un scénario de style Poutine », a déclaré l’expert en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, se référant à la « tandemocratie » 2008-2012 lorsque Dmitry Medvedev a tenu la présidence russe tandis que Vladimir Poutine était Premier ministre.
Bardella a déjà construit une solide base de soutien au Parlement européen et est populaire parmi les électeurs plus jeunes et plus élevés. Un récent sondage d’Odoxa a montré que 60% des partisans de l’IRN l’ont préféré à Le Pen.
Mais le vote présidentiel est encore dans deux ans. C’est long en politique. La loyauté de Bardella peut ne pas tenir.
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Changement radical à venir?
Alors que Le Pen a averti que son interdiction de cinq ans «tuerait notre mouvement», certains pensent qu’il pourrait également injecter une nouvelle énergie – et marquer le début d’un changement de stratégie plus profond.
« C’est la fin du clan Le Pen en direction du RN et des Français à l’extrême droite », a déclaré Moreau-Chevrolet.
«Nous sommes entrés dans une phase complètement nouvelle. Nous sommes passés d’un très à droite qui essayait de nous stabiliser, de normaliser, d’essayer d’obtenir les électeurs raisonnables, à l’extrême droite qui disent« non, nous allons prendre le pouvoir, mais selon nos conditions ».»
Moreau-Chevrolet prédit que Bardella pourrait devenir le «garçon de l’affiche», le Pen mis à l’écart ou conservé dans un rôle secondaire. « Nous liquidons le passé, à partir des mêmes fondations que tous nos voisins et l’Américain à l’extrême droite », a-t-il déclaré.
Mais Sawicki a dit qu’il était trop tôt pour faire de telles prédictions. Alors que l’approche Trumpist a fonctionné dans le système bipartite des États-Unis, le paysage multipartite français rend plus compliqué un groupe de puissance.
« Aller pour une stratégie ouvertement échappée est risqué », a-t-il déclaré. « Je ne pense pas que le RN abandonne sa stratégie de« démonisation ». Ils n’appellent pas trop ouvertement pour dénoncer le système judiciaire dans la rue. Ce serait un risque trop important. »
