Depuis mai 2024, un groupe d’enquête de députés de l’Assemblée nationale de France a été chargé d’identifier le harcèlement sexuel et les agressions sur des plateaux de tournage en France. Le comité a présenté des propositions de nouvelles législations pour résoudre le problème – par exemple, en introduisant les coordinateurs de l’intimité sur les ensembles.
Le comité d’enquête, initié par l’actrice française Judith Godrèche, a interviewé près de 100 personnes des industries du cinéma, du théâtre et de la publicité.
Certaines des plus grandes stars masculines de la France ont également témoigné de l’enquête, affirmant qu’elles auraient pu manquer ou même être coupables de remarques inappropriées avant que le mouvement #MeToo ne change d’attitudes.
Jean Dujardin, vainqueur des Oscars en 2012 pour son tour L’artisteainsi que les acteurs français Gilles Lelouche, Pio Marmai et Jean-Paul Rouve ont accepté de parler aux législateurs le mois dernier à huis clos.
Dujardin, 52 ans, a accueilli le mouvement #MeToo. « Nous ne voyons pas tout – et peut-être que nous ne voulons pas voir », a-t-il dit lorsqu’on lui a demandé pourquoi les acteurs masculins ne s’étaient pas prononcés plus tôt pour protéger leurs collègues féminines ou signalé des violences sexuelles. « Je pense que le mouvement #MeToo a été utile de ce point de vue. »
Il a ajouté: « Nous ne disons plus ce que nous disions il y a 10 ou 15 ans, et nous ne dirons pas non plus les mêmes choses en 10 ans … Je pense que les réactions sexistes et les remarques maladroites disparaissent progressivement. »
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Un moment clé lors des audiences a été le témoignage de l’actrice Sara Forestier. Le 7 novembre 2024, elle a passé une heure à raconter l’assaut qu’elle a vécu dans un tournage en 2017. D’une voix tremblante, elle a accusé sa co-star, l’acteur Nicolas Duvauchelle, de la gifler. L’équipe du film l’a ensuite découragée de poursuivre une action en justice.
« Ils ont essayé de m’empêcher d’aller à la police », a expliqué l’actrice. « L’équipe a paniqué. Ils ne savaient pas comment gérer la situation. La seule chose qui comptait était la peur de l’argent et de l’assurance. Donc, immédiatement, ils l’ont balancé sous le tapis, et la victime a dû le prendre. »
Forestier a depuis déposé une plainte, tandis que Duvauchelle nie les allégations.
Comme les débats l’ont conclu, le député Sandrine Rousseau (Greens), le président du comité, a donné une évaluation mitigée: « D’un côté, nous avons les expériences vécues des victimes, racontant des événements récurrents. De l’autre, l’industrie cinématographique comprend les problèmes mais est toujours tout à fait aveugle à la réalité des expériences des victimes. »
Coordinateurs de l’intimité
Cet échec a été mis en évidence par le témoignage de la réalisatrice Catherine Corsini le 27 janvier. Corsini a parlé de la violence verbale contre elle et des accusations d’agression sexuelle contre un cascadeur lors du tournage chaotique en 2022 de son film Le Retour.
De plus, il y avait une scène sexuelle impliquant une actrice mineure qui n’avait pas été déclarée à la Commission de divertissement des enfants.
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Interrogé, Corsini a expliqué: « Je pensais qu’ils étaient d’accord. Ils l’ont trouvé drôle. Nous l’avons fait rapidement, et ça s’est bien passé. Mais j’avoue que nous n’aurions pas dû le faire. Je le reconnais. »
Rousseau a répondu: « S’il y avait eu un coordinateur d’intimité, cela aurait tout simplifié. »
Corsini a répondu: « À l’époque, je n’avais pas considéré qu’un entraîneur d’intimité pouvait faire partie du processus. Je pensais que c’était quelque chose que le réalisateur gérait avec les acteurs. »
Un coordinateur de l’intimité agit comme un médiateur entre le réalisateur d’un film et les acteurs, supervisant des scènes avec du contenu sexuel. C’est une profession encore largement inconnue en France. En 2024, il n’y avait que quatre coordinateurs d’intimité dans le pays, contre près de 100 aux États-Unis.
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Cela est devenu l’une des principales priorités identifiées par le comité: « Les coordinateurs de l’intimité sont parmi les personnes manquant sur des plateaux de tournage. Nous devons savoir exactement ce qui sera filmé, édité et quels tirs seront conservés. C’est absolument essentiel », a déclaré Rousseau.
« Il est nécessaire de faire une règle selon laquelle les coordinateurs de l’intimité sont proposés, et ils devraient être obligatoires si l’un des deux protagonistes en demande un », a ajouté le député du modem Erwan Balanant.
Le rapport final, y compris cette proposition et d’autres, devrait être publié le 9 avril.
Ce rapport a été adapté du reportage du podcast 42mag.fr en France produit par Baptiste Coulon.
