Gabriel Attal, Édouard Philippe, Gérald Darmanin et François Bayrou se sont tous retrouvés ensemble dimanche lors de l’événement organisé par Renaissance. Malgré leur présence commune sur scène, chacun d’entre eux a en tête l’idée de briguer la présidence.
« Si nous partons divisés, nous allons droit dans le mur. » Telle est la croyance au sein de toutes les équipes présidentielles du centre. Une ministre de Renaissance explique : « Il y a une réalité à reconnaître : si nous avons plusieurs candidats, nous ne passerons pas le premier tour”. Un leader de droite partage cette analyse : « Face à la tripartition avec deux extrêmes et un centre, une scission dans le centre réduirait nos chances d’avoir un candidat au second tour”. Un responsable d’Horizons ajoute : « Il y a un risque très probable d’un second tour Mélenchon contre Le Pen ou Bardella”. Ainsi, bien que chacun se batte pour son candidat, le but est surtout de mettre les autres sur la touche.
La question est de savoir comment départager les candidats au départ. Une primaire, peut-être ? Très peu sont enclins à prononcer ce mot, notamment ceux provenant de la droite, toujours échaudés par les résultats des primaires avec François Fillon puis Valérie Pécresse. « La primaire est le pire mode de sélection, elle pourrait signer la fin des partis », commente une ancienne figure de droite passée chez Macron. Elle se méfie de ces « campagnes internes virulentes qui exacerbent les différences, tout en sachant qu’il faudra collaborer ensuite”. Un cadre d’Horizons renchérit : « C’est une recette pour l’échec”.
Peu de personnes soutiennent ce type de vote. Un député Renaissance le considère comme « la moins mauvaise des solutions », alors qu’une ministre de droite en appelle à une « primaire regroupant le centre et les Républicains”. Selon elle, qu’il s’agisse d’Attal, Philippe ou Retailleau, « aucun ne se distingue nettement, contrairement à un Sarkozy. Une primaire crée du débat, une dynamique”. C’est aussi le raisonnement de David Lisnard, le maire de Cannes, qui envisage « une grande primaire” allant de Gabriel Attal jusqu’à Éric Zemmour.
L’idéal : un candidat qui émerge spontanément
Cela soulève la question de la participation des Républicains au vote. « Hors de question », répond catégoriquement un cadre du MoDem. La même réticence se retrouve à l’aile gauche de Renaissance : « Si Retailleau l’emporte, ce n’est pas envisageable”, affirme l’un. « Je ne ferai pas campagne pour lui”, ajoute une autre. Comment, alors, départager les postulants du centre et de la droite ? « Un candidat qui s’impose naturellement”, serait le scénario parfait.
« Les sondages et le public trancheront”, affirme un proche d’Édouard Philippe, dont le candidat figure souvent en bonne position pour le second tour. Il anticipe que les autres se retireront derrière le candidat en tête. « L’élimination se fera probablement après les municipales”, précise un responsable de Renaissance. De nombreux partisans de Macron croient que Les Républicains se retireront du jeu. « Ayant goûté aux responsabilités gouvernementales, ils ne voudront pas risquer de revenir dans l’opposition”. Un cadre d’Horizons s’appuie sur l’exemple de 2017 : « François Bayrou s’est rallié à Macron par calcul stratégique, non par hasard. Mieux vaut participer au pouvoir que subir la défaite”.