Les tarifs douaniers introduits par Donald Trump commencent à avoir des répercussions. En conséquence, Stellantis a décidé de procéder à des licenciements touchant un total de 900 travailleurs dans ses installations en Amérique, incluant 170 personnes à l’usine de Warren, près de la ville de Détroit.
À proximité d’un vaste espace de stationnement de l’usine de montage de camions Chrysler à Warren, dans la région de Detroit aux États-Unis, se trouve le Motor City Bar. Ce pub, équipé de tables de billard, de fléchettes et où les écrans diffusent des matchs de baseball, est un lieu de détente pour les employés.
« Cette période est vraiment difficile à traverser », confie James, accoudé au bar avec une boisson à la main après sa journée de travail à l’usine. Les tarifs douaniers annoncés par Donald Trump commencent à faire des vagues dans le secteur automobile malgré les promesses du président américain de relancer l’industrie grâce à sa politique commerciale agressive.
Le groupe automobile Stellantis, dont Chrysler fait partie, a pris la décision de suspendre temporairement 900 employés américains de ses usines situées dans le Midwest et de fermer temporairement deux de ses usines au Canada à partir du lundi 7 avril, pour une quinzaine de jours. Ce choix est motivé par l’anticipation d’une baisse de la demande, conséquence directe de la taxe de 25% appliquée à toutes les voitures et pièces automobiles importées.
Des avis partagés parmi les employés
À Warren, 170 travailleurs seront mis en chômage technique dès le lundi matin. James échappe à cette coupe car il bénéficie de son ancienneté à l’entreprise. « Je suis vraiment désolé pour mes collègues » exprime-t-il. Il attribue cette crise à « l’impact des taxes », ajoutant que « les prix ont grimpé ». « Ce n’est pas comme ça que nous vendrons plus, surtout rapidement. On pénalise un pays et en retour, on est pénalisé. Où cela s’arrêtera-t-il ? Bien sûr, on préfère produire ici, mais ça ne va pas garantir nos emplois. Je veux voir pour y croire », explique-t-il.
Un peu plus tôt, Jim était accoudé à ce même comptoir. Cela fait 17 ans qu’il travaille à Warren et pourtant, il soutient Donald Trump. « Les taxes de Trump vont amener plus d’emplois ici. Il aurait fallu les instaurer il y a longtemps », dit-il. « Nous payons des taxes à tout le monde, partout. C’est la première fois que les autres devront nous rendre ce qu’ils nous doivent », affirme Jim avec conviction.
« Je pense que l’usine et les ouvriers surmonteront cette épreuve qui n’est que temporaire. »
Jim, salarié de Chrysler à Warrenà 42mag.fr
Non loin de là, une réunion d’information est tenue dans les locaux d’une section locale du principal syndicat automobile, United Auto Workers (UAW). À l’entrée, Dave, récemment retraité de Chrysler, commente: « C’est le chaos complet, la pire des gestions pour le pays ».
« La relocalisation prend du temps »
Pour Dave, « 900 personnes viennent d’entrer en chômage technique, et cela pourrait se transformer en licenciements, c’est pareil chez General Motors, Ford, etc. » Ce retraité est convaincu qu’« il est illusoire de penser que les emplois reviendront soudainement aux États-Unis ». « Construire une usine et former une main-d’œuvre prend du temps, cela ne se fait pas du jour au lendemain », ajoute-t-il.
Nombreux sont les employés qui préfèrent garder le silence, par peur de perdre leur emploi. Même le représentant syndical se dérobe aux questions de notre journaliste, l’éloignant jusqu’à l’autre côté de la rue. La tension est palpable. En janvier, l’UAW soutenait les mesures de Trump en assurant que l’emploi allait revenir à Detroit sous peu.