Dimanche, lors d’un rassemblement à Paris, le parti d’extrême droite a invité ses partisans à exprimer leur appui à Marine Le Pen. Cet événement a eu lieu moins d’une semaine après sa condamnation, laquelle a mis en doute sa participation en tant que candidate à l’élection présidentielle de 2027.
Une ambiance inattendue sur la place Vauban
Dimanche 6 avril, la place Vauban, habituellement paisible, fut animée par des rythmes électro et pop lors d’un rassemblement en soutien à Marine Le Pen, la figure du Rassemblement national. L’objectif était de galvaniser la foule venue en nombre. Fabrice, 64 ans, qui a fait le déplacement depuis Senlis (Oise), n’était guère séduit par cette ambiance. Il aurait préféré assister à un concert de jazz ou de rock et profiter d’un bon dîner. Pour lui, être présent n’était pas un choix de plaisir, mais une nécessité de dénoncer ce qu’il considère comme une « parodie de procès » menaçant l’avenir de sa candidate préférée.
Tout juste une semaine auparavant, Marine Le Pen avait été condamnée par le tribunal de Paris à quatre ans de prison, dont deux ans ferme aménageables sous surveillance électronique, avec une amende de 100 000 euros. De plus, elle fait face à une interdiction de se présenter à des élections pour cinq ans, une décision qui a pris effet immédiatement. Reconnaissant sa culpabilité dans une affaire de détournement de fonds publics liés aux assistants parlementaires du Front national (anciennement RN), elle a décidé de faire appel du jugement.
« Une situation alarmante »
« C’est insensé d’infliger une telle sentence à une dirigeante soutenue par 13 millions de citoyens », proteste Fabrice, interrompu par l’hymne national entonné par les participants. Son indignation est partagée par sa femme, leur deuxième participation ensemble à une manifestation politique, la première étant contre le pass sanitaire durant la pandémie de Covid-19. « C’est une lutte pour nos libertés », ajoute Fabrice.
Partisans ou sympathisants du Rassemblement national, beaucoup critiquent l’inéligibilité imposée par le tribunal, qui pourrait écarter Marine Le Pen de la présidentielle de 2027 si l’appel n’aboutit pas. « En tant que citoyen, je redoute les conséquences si le verdict est confirmé », prévient Frédéric, membre de Reconquête à Vesoul (Haute-Saône), estimant qu’une éventuelle « guerre civile » pourrait éclater. À ses côtés, se trouve Hugo, un jeune passionné de politique de 15 ans, que Frédéric décrit fièrement comme « le plus jeune du département soutenant le RN ».
La place Vauban a également accueilli d’autres jeunes comme Arthur, Alexandre et Antoine, venus du Finistère très tôt en bus affrété par le parti pour assister à ce meeting impromptu dans une ville peu favorable à Marine Le Pen. « Nous soutenons notre leader », disent-ils en insistant sur l’engagement de la Bretagne, une région sans député RN, mais mobilisée pour l’événement. Antoine regrette que « la droite subisse la justice alors que la gauche passe outre », alors qu’il reste habillé d’un costume malgré la chaleur.
Pour Alexandre, « si nos sondages n’étaient pas aussi hauts, la sentence aurait été moindre », reflect-il, condamnant ce qu’il perçoit comme « un acte politique ». Malgré la décision du tribunal justifiée par la gravité et la prolongation des faits de 2004 à 2016, il critique cette peine exemplaire « quand les véritables criminels sont traités différemment ».
Un cri du cœur pour la France
« Pauvre France », soupire Marie, 70 ans, observant les leaders politiques défiler sur scène. « Tous les partis ont des affaires de fonds détournés », réclame-t-elle, en assurant que peu de politiciens échapperaient à la justice si elle était appliquée avec rigueur. La silhouette de Jordan Bardella sur la scène se reflète dans ses lunettes, mais elle reste sceptique quant à ses capacités à remplacer Marine Le Pen. « Bien qu’il ait des talents, il manque d’expérience politique suffisante », craint-elle pour les échéances de 2027.
Un espoir inattendu pour la jeunesse
D’un autre avis, Laurène, 21 ans, qui le préfèrerait pour représenter le parti si Marine Le Pen ne pouvait se présenter. Admirative, elle a attendu de longues heures pour une dédicace de son livre. Elle voit dans le jugement « une publicité inespérée pour le parti », qui, à ses yeux, a provoqué une onde de choc chez les sympathisants. Malgré cela, Laurène constate la faible affluence autour d’elle mais garde espoir, imaginant que le nombre réel est plus élevé.
Avec près de 7 000 personnes selon la police, et 10 000 selon Bardella, un optimisme reste palpable. Alors que Marine Le Pen prend la parole après d’autres alliés politiques notables, les cris de « Marine présidente » résonnent, avec les drapeaux nationaux ondoyant en signe de ralliement. « C’est essentiel qu’elle soit là », dit Laurène, voyant sa présence comme une bouffée d’air pour les partisans.