Renaud Villard, qui occupe le poste de directeur général à la Caisse nationale d’assurance vieillesse, indique que les suggestions formulées par la Cour des comptes ont d’ores et déjà été adoptées. Parmi ces mesures, il cite notamment l’utilisation de la biométrie ainsi que la présence de deux agents chargés du contrôle au consulat d’Alger.
Ce lundi, Renaud Villard, directeur général de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), était l’invité de 42mag.fr. Il y a indiqué que la CNAV mettait déjà en œuvre certaines recommandations formulées par la Cour des comptes, notamment en recourant à « la biométrie » ainsi qu’en employant « deux agents de contrôle au consulat d’Alger ». La Cour des comptes a justement rendu public, ce même jour, son rapport relatif à l’application des lois de financement de la sécurité sociale. Ce document souligne notamment une trajectoire financière des comptes sociaux jugée « hors de contrôle », et dans ce contexte, la CNAV n’est pas exempte de critiques.
Concernant les fraudes, la Cour des comptes avance un montant estimé à environ 100 millions d’euros annuels pour la CNAV. Toutefois, Renaud Villard nuance cette évaluation, expliquant que ce chiffre semble légèrement surévalué : « Nous serions plutôt en dessous, dans une fourchette allant de 50 à 60 millions d’euros par an ».
Un défi majeur pour la CNAV consiste donc à détecter ces fraudes. Le directeur général souligne que plusieurs mesures ont déjà été mises en place depuis quelques mois, avant même la parution du dernier rapport. L’utilisation de la biométrie en est un exemple concret : « Ce procédé a été déployé et généralisé depuis septembre 2024. C’est encore très récent. La Cour des comptes recommande d’accélérer son déploiement, ce que nous souhaitons faire sans délai ». Il reconnaît néanmoins que ce processus prendra du temps à s’installer. « Il s’agit parfois d’un véritable défi pour certains retraités, notamment ceux âgés de 85 ans, qui doivent apprendre à utiliser leur smartphone pour s’enregistrer en vidéo. Ensuite, nous comparons leur identité biométrique afin d’assurer la cohérence. Ce genre de procédure nécessite un accompagnement… il faudra déployer une pédagogie adéquate, mais c’est clairement un axe prioritaire », détaille Renaud Villard.
Contrôles effectués en Algérie
Un autre dispositif mis en place par la CNAV, selon son directeur général, concerne la présence de deux agents travaillant au consulat français à Alger. Ces agents ont pour mission de « convoquer régulièrement les retraités âgés afin qu’ils se présentent sur place avec leurs pièces d’identité, permettant ainsi de vérifier qu’ils sont bien en vie et qu’ils correspondent aux dossiers. Grâce à cette démarche, plusieurs centaines de dossiers de retraite jugés suspects ont pu être radiés ».
Cependant, même si ces mesures permettent de diminuer les fraudes, leur suppression totale ne suffira pas à combler le fameux « trou de la sécurité sociale », admet Renaud Villard. Toutefois, ce n’est pas l’objectif premier de ces actions. « Le symbole revêt une grande importance, surtout lorsque l’on demande des efforts à nos concitoyens. Il est donc primordial d’être strict à l’égard de ceux qui tentent de frauder », ajoute-t-il.
Pour conclure, il précise : « Encore une fois, cet enjeu n’est pas primordial du point de vue des finances publiques, mais ces initiatives, conjuguées à d’autres mesures publiques, contribueront à réduire le déficit tout en renforçant la confiance dans notre système ».
Dans son rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale publié ce lundi, la Cour des comptes souligne que la trajectoire des comptes sociaux est « hors de contrôle », évaluant à 15,3 milliards d’euros le déficit cumulé des régimes obligatoires de base de la sécurité sociale ainsi que du fonds de solidarité vieillesse (FSV). « Ce déficit s’est aggravé de 4,8 milliards d’euros », indique la Cour, en insistant sur le fait que la branche maladie porte à elle seule la majeure partie de ce déficit, avec près de 90 %, soit 13,8 milliards d’euros.