Laurent Wauquiez intensifie ses reproches envers le gouvernement, tandis que le parti s’apprête à choisir son prochain président les 18 et 19 mai.
À deux semaines de l’élection pour présider les Républicains, le duel entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez complique la tâche du gouvernement. Le chef des députés LR souhaite démontrer qu’on ne peut pas cumuler les rôles de ministre et de leader d’un parti indépendant. Depuis le début de la campagne, il multiplie les piques et critiques, déstabilisant cette délicate alliance temporaire.
Laurent Wauquiez ne va pas jusqu’à provoquer une rupture totale avec le gouvernement par le biais d’une motion de censure, mais il saisit chaque occasion pour augmenter la pression et nuire à son concurrent. Le sujet du scrutin proportionnel est le dernier épisode. « Ils ont une hiérarchie des priorités étonnante, comme s’il n’y avait rien de plus urgent que de faire la proportionnelle dans notre pays. Cela me laisse perplexe, » déclarait-il lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale la semaine passée.
Wauquiez tente de rallier l’ensemble des ministres LR à sa cause
Laurent Wauquiez exige que Bruno Retailleau fasse « pression » sur François Bayrou pour qu’il « renonce. » Les proches du ministre de l’Intérieur savent que cela pourrait le placer en difficulté, car il faudra probablement affronter le Premier ministre. Toutefois, un allié du responsable de la place Beauvau répond en soulignant que Laurent Wauquiez ne « critique jamais » le ministre de la Santé, Yannick Neuder, qui est l’un de ses partisans. « Il serait intéressant de voir sa position sur l’Aide médicale d’État (AME) » pour les sans-papiers, que les LR cherchent à limiter.
Le budget est en effet le déclencheur de la tension. Bien que François Bayrou répète qu’il n’y aura pas de hausse d’impôts, Laurent Wauquiez reste sceptique et continue de mettre en garde : « Je le répète, le gouvernement doit prêter attention au message que nous envoyons. » François Bayrou ne se laisse pas démonter, affirmant avec assurance, « il a la peau dure, » selon un de ses conseillers. Le Premier ministre semble résigné à supporter les attaques du chef des députés LR. « Ne pensez pas qu’il nous laissera tranquilles, même si Bruno Retailleau remporte l’élection des LR, » prédit un conseiller gouvernemental.
La position de François Bayrou est sans ambiguïté : « Pour ceux qui désirent partir, la porte est ouverte ! » Un de ses proches déclare même avec confiance, « Demandez aux ministres LR s’ils comptent démissionner ? »
« La campagne lui tourne la tête »
Effectivement, aucun ministre LR ne relaie publiquement les menaces de Laurent Wauquiez. En privé, un conseiller confie que l’idée de démissionner n’est pas d’actualité, « il n’y a aucune raison de quitter le navire pour le moment. » Ils perçoivent cela comme un avantage. Grâce à la participation des Républicains au gouvernement, selon la même source, « la droite a repris des couleurs, » et le parti a vu son nombre d’adhérents tripler en trois mois, atteignant près de 122 000, tous appelés à choisir entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez pour diriger les Républicains.
Cependant, le comportement de ce dernier agace : « La campagne lui monte à la tête, il est dans une posture de stratégie agressive, quitte à affaiblir le parti, » s’indigne un conseiller gouvernemental. Au sein du LR, on craint de voir l’édifice fragile s’effondrer.