Au départ, l’Élysée avait nié l’authenticité de la vidéo, mais par la suite, la présidence a reconnu sa véracité en évoquant un instant de tendresse partagé entre le chef de l’État et son épouse.
De quelle manière deux annonces consécutives de l’Élysée ont-elles alimenté les théories complotistes concernant Brigitte et Emmanuel Macron ? Franceinfo vous propose une explication détaillée.
1 Une séquence capturée par plusieurs médias
Tout commence avec une scène enregistrée lors de l’arrivée d’Emmanuel Macron à Hanoï, le dimanche 25 mai, à l’occasion du début de son voyage en Asie du Sud-Est. Dans cette vidéo, on observe le président de la République s’éloigner brusquement à sa sortie d’avion, tandis que deux mains, que l’on reconnaît comme étant celles de Brigitte Macron, semblent tenter de toucher son visage.
Cette courte séquence a d’abord été diffusée sur les réseaux sociaux par des comptes favorables à la Russie et à tendance complotiste. L’extrait a été repris à partir d’un passage diffusé par Russia Today, un média désormais interdit dans l’Union européenne depuis le début du conflit ukrainien, bien qu’il reste encore facilement accessible via internet. La chaîne russe francophone, RT France, a relayé cette vidéo dès dimanche soir, laissant entendre une tension possible au sein du couple présidentiel. Très rapidement, le clip s’est retrouvé isolé puis largement partagé sur les plateformes sociales.
L’Élysée a d’abord contesté l’authenticité de la vidéo, affirmant qu’elle résulterait d’une création par intelligence artificielle. Cependant, les responsables de la communication du palais présidentiel ont ensuite changé leur discours, reconnaissant que la vidéo était bien authentique, à condition de la considérer comme une expression d’un moment « de complicité » entre Emmanuel Macron et son épouse.
Depuis lors, cette scène est devenue un sujet de discussion important, commenté aussi bien par des internautes que par des figures politiques proches de l’extrême droite. La vidéo a même été évoquée dans certaines émissions télévisées.
2 La communication de l’Élysée plongée dans l’incertitude
Une grande partie des partisans de la thèse d’une dispute conjugale a mis en avant ce volte-face dans le discours officiel. Ils ont relevé ce premier message, qui a ensuite été démenti, pour en tirer des conclusions douteuses.
Contactée par 42mag.fr, la présidence explique qu’un membre de l’équipe chargée de la communication a été alerté durant la nuit par certains journalistes, alors que la vidéo commençait à se propager sur les réseaux. À ce stade, le film circulait sous une forme tronquée, dépourvue de son et de contexte.
Le communicant n’avait pas eu l’occasion de visionner la séquence dans sa totalité. Il n’était pas non plus présent lors de la scène et n’avait pas discuté avec Emmanuel Macron ou les proches du président qui se trouvaient sur place. Après avoir vu ce fragment, il a immédiatement suggéré l’hypothèse d’un montage truqué, évoquant des images prétendument réalisées avec une intelligence artificielle, bien que cette affirmation ne reposât sur aucune certitude. Cette réaction rapide, transmise aux médias, sera finalement contredite peu après.
3 Associated Press éclaire la situation
Peu de temps après la première déclaration, l’agence américaine Associated Press (AP) publie la vidéo complète : on y distingue nettement Emmanuel Macron reculer d’un geste vif tandis que Brigitte Macron, vêtue de rouge, fait un mouvement vers son visage. Cette vidéo est donc authentique.
Une fois les images visionnées intégralement et le contexte vérifié, l’Élysée rectifie sa position. L’entourage du président décrit alors cette séquence comme un « moment de complicité », une scène légère de « chahut » entre Emmanuel et Brigitte Macron. Ce passage est vu en interne comme une forme de « relâchement » ou « décompression ».
4 Une gestion de la communication mal adaptée
Ce revirement a nourri des accusations de désinformation : les récits propagés par les complotistes, qui ont été diffusés en premier, ont eu largement le temps de s’inscrire dans les esprits. « Il n’en fallait pas davantage pour alimenter les idées conspirationnistes », déplore un membre proche du président.
L’Élysée admet qu’il y a eu un faux pas dans la communication : en voulant réagir très vite, sans disposer d’informations solides, la première version officielle s’est révélée erronée, ce qui a fragilisé la crédibilité des explications officielles. Ce manque de clarté initial a laissé place à toutes sortes d’interprétations farfelues, avant que la vérité ne soit finalement rétablie… mais trop tard pour contenir la multiplication des rumeurs.
5 Emmanuel Macron cherche à calmer la controverse
Interrogé à Hanoï lundi, Emmanuel Macron a démenti avec fermeté toute existence d’« altercation conjugale ». « On plaisantait avec mon épouse, comme nous le faisons fréquemment », a-t-il expliqué devant les journalistes. Le président a également appelé à un retour au calme, dénonçant une obsession excessive concernant ses actes et comportements :
On plaisantait avec mon épouse comme on le fait assez souvent (…) Depuis trois semaines, il y a des gens qui ont regardé des vidéos et qui pensent que j’ai partagé un sac de cocaïne, que j’ai fait un mano a mano avec un président turc et maintenant que je suis en train d’avoir une scène de ménage avec ma femme. Rien de tout ça n’est vrai (…), donc il faut que tout le monde se calme.
Emmanuel Macron
Le chef de l’État a ajouté être surpris que cette vidéo « prenne une telle ampleur à l’échelle mondiale ». Emmanuel Macron affirme aussi que cette vidéo est « authentique », « mais qu’on lui fait dire beaucoup de bêtises ».