Ce mardi, lors d’une intervention sur TF1, le président de la République a fait un pas de plus en direction de l’extension de la dissuasion nucléaire à l’échelle européenne. Emmanuel Macron a exprimé sa volonté d’engager le dialogue sur ce sujet.
Ces derniers mois, le débat est revenu de manière récurrente. La France devrait-elle offrir sa protection nucléaire à d’autres nations européennes ? Emmanuel Macron a soulevé cette question à plusieurs reprises au cours des dernières années. Toutefois, il n’a jusqu’à présent jamais donné de précisions concrètes sur ce que cela signifierait vraiment. Mardi soir, pour la première fois, il a franchi un pas supplémentaire en mentionnant la possibilité d’installer des armes nucléaires françaises dans des pays européens alliés.
« Nous sommes disposés à ouvrir ce débat. J’en établirai les termes de manière officielle dans les semaines et mois à venir« , a affirmé le président sur TF1. Cependant, il a également posé trois conditions à cette éventualité : « la France ne financera pas la sécurité des autres« , toute éventuelle installation « ne réduira pas les capacités dont (la France) a besoin » et enfin, « la décision finale appartiendra toujours au président de la République, chef des armées« .
Des avions Rafale en Pologne ?
Concrètement, il serait question de placer des bombes françaises, accompagnées d’avions capables de les déployer, les Rafales, sur le territoire d’autres nations européennes, comme la Pologne qui est très intéressée. Cette pratique existe déjà entre les Américains et certains pays. Environ 150 bombes américaines sont actuellement stationnées dans cinq pays : l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique, et la Turquie. Cependant, jusqu’à présent, la France n’a jamais fait ce pas. Le président a simplement exprimé qu’un dialogue était engagé et qu’il préciserait davantage sous peu, mais toujours avec certaines conditions.
La première condition mentionnée est que le contrôle de l’utilisation de l’arme nucléaire restera en France. Deuxièmement, il n’est pas question que la France supporte les coûts pour d’autres, car créer une base nucléaire à l’étranger serait très onéreux. Enfin, il est hors de question de diminuer l’arsenal nécessaire à la protection de la France, qui possède actuellement environ 300 bombes nucléaires sur son territoire.
Un contexte géopolitique en évolution
Bien que ce processus soit à ses balbutiements, il y a un changement perceptible. En effet, le contexte géopolitique a évolué. L’administration Trump aux États-Unis a laissé des incertitudes quant à leurs relations avec Moscou. Les Européens s’inquiètent de ne plus pouvoir se reposer sur la protection nucléaire américaine. De plus, récemment, des changements ont eu lieu en Europe. Certains pays souhaitent que la France et le Royaume-Uni, également doté de l’arme nucléaire, étendent leur dissuasion au continent entier.
Les pays scandinaves sont favorables à cette idée, tout comme les pays baltes, la Pologne, la Roumanie, et surtout l’Allemagne sous la direction de Friedrich Merz, le nouveau chancelier, qui a immédiatement soutenu l’idée dès son élection. Bien que cela fasse cinq ans, depuis 2020, qu’Emmanuel Macron a proposé ce débat, il n’a pas encore abouti à des résultats concrets.