La question de l’aide médicale à mourir sera examinée par les députés à l’Assemblée nationale lors des discussions de la semaine prochaine. Mardi, la Haute autorité de Santé a finalement fourni une réponse très attendue concernant la possibilité de déterminer précisément la durée d’un pronostic vital lorsque quelqu’un est en phase terminale ou dans une phase avancée de sa maladie.
Peut-on vraiment inscrire dans la loi le temps qu’il reste à vivre pour une personne atteinte d’une « maladie grave et incurable » ? Est-il possible de spécifier précisément la durée d’un « pronostic vital en phase terminale ou avancée » selon les critères actuels qui permettraient à quelqu’un de demander une aide au décès ? La Haute autorité répond par la négative, suggérant plutôt de prendre en considération la « qualité du temps restant » pour une personne engagée dans un « processus irréversible ».
La notion de « qualité de vie » fait écho aux propos tenus par Emmanuel Macron le 5 mai 2025, lors de son intervention devant la Grande Loge de France. Le Président a encouragé à réfléchir à ce qu’il nomme « le moindre mal ». Cette déclaration a provoqué, dès le lendemain, une réaction ferme de la part de l’Église : « Non, Monsieur le Président, choisir de provoquer la mort ou d’assister une personne à se donner la mort n’est pas une solution de moindre mal. C’est la mort pure et simple », a répondu Monseigneur de Moulins-Beaufort, président de la conférence des Évêques de France.
Nous touchons ici au cœur des arguments des adversaires de la réforme. La mort, envisagée comme un choix, au lieu d’une fatalité à laquelle il faut se préparer. Cependant, ce débat ne repose pas sur une opposition entre vie et mort, mais plutôt sur les conditions entourant la fin de vie lors de cette étape ultime. La souffrance, la douleur, la dignité, le respect de soi et des autres, ainsi que l’image que l’on souhaite laisser, sont autant d’éléments en jeu.
Le dogme, ennemi acharné de l’esprit critique
Certains opposants s’inquiètent de la soi-disant « rupture anthropologique », une expression vague devenue emblématique parmi ceux qui s’opposent à l’euthanasie, ainsi qu’à l’élargissement de la PMA à toutes les femmes, au mariage pour tous, et même à l’IVG. Pourtant, la civilisation a su persister à travers chacune de ces réformes. De plus, l’aide active à mourir, strictement encadrée, n’impose rien ; elle offre une option et ne s’oppose pas aux soins palliatifs. François Bayrou a même fractionné le sujet en deux propositions distinctes. Malgré toutes ces précautions et deux ans et demi de débats depuis la convention citoyenne, les opposants restent inflexibles.
En réalité, la véritable division se trouve entre ceux qui, comme le philosophe André Comte-Sponville, affirment que « légaliser l’euthanasie, c’est accorder la liberté ultime de contrôler sa propre vie jusqu’au bout » et ceux qui pensent que la vie ne relève pas de la propriété individuelle. Mais alors, à qui appartient-elle ? Avec l’ouverture du conclave aujourd’hui, il est clair que bien que l’Église ait évolué sur certains sujets, d’autres, tels que le début et la fin de vie, demeurent inchangés. Ces questions sont ancrées dans le dogme, ce farouche opposant à l’esprit critique et à la liberté absolue de conscience.