Au début du mois d’avril, une mobilisation s’est tenue contre les zones à faibles émissions. Ce mouvement, dirigé par l’auteur Alexandre Jardin, prévoit de nouveaux rassemblements ce samedi à Paris et Lyon pour exiger l’abandon d’une mesure actuellement menacée au Parlement.
Ils demandent l’abolition totale des ZFE
Sous leur slogan principal, « Les centres-villes sont pour tout le monde », le collectif Les #Gueux prévoit une nouvelle journée de manifestations le samedi 17 mai à Paris et Lyon, visant à contester les zones à faibles émissions mises en place en 2019 pour réduire la pollution dans les grandes villes. Ce groupe récent, porté par l’écrivain Alexandre Jardin et inspiré par le mouvement des "gilets jaunes", considère que l’interdiction des véhicules jugés trop polluants dans certaines zones constitue une forme de « ségrégation sociale » contre les conducteurs « qui n’ont pas les moyens de remplacer leur véhicule ».
Sur son site, le collectif se définit comme une « vague non partisane et républicaine ». Le mouvement a débuté ses premières communications en février, à travers quelques extraits du livre Les #Gueux, publié par Alexandre Jardin le 27 mars. « Cela va mal finir », avertit l’écrivain de 60 ans, également réalisateur de films, en quatrième de couverture.
Un fondateur engagé politiquement
Alexandre Jardin, candidat à la présidence en 2017 sans succès, a brièvement soutenu le mouvement En Marche d’Emmanuel Macron. Il s’est investi dans plusieurs projets associatifs, fondant en 2014 Bleu Blanc Zèbre, dédié à « résoudre les fractures sociales et environnementales » dans les territoires. Fin 2018, il s’était rapproché du mouvement des "gilets jaunes" et s’était déclaré prêt à soutenir le mouvement pour les élections européennes de 2019.
En plus des limitations de circulation, son nouveau collectif critique le coût des politiques environnementales. « L’écologie est devenue un sport de riches », affirme le collectif, appelant à agir « avant que les ZFE ne provoquent une révolte potentiellement plus violente que celle des ‘gilets jaunes’ ».
Une dizaine de jours après la sortie du livre, Les #Gueux ont manifesté une première fois le 6 avril devant la mairie de Paris pour exiger la fin des ZFE. « Trier les voitures revient à trier les gens, ce n’est pas la France », dénonça Alexandre Jardin aux côtés de Jean-Marc Bellotti, coordinateur de la Fédération française des motards en colère (FFMC) à Paris. La majorité des manifestants ce jour-là étaient des motards.
Une abolition par le Parlement bientôt ?
Depuis cette première manifestation, Les #Gueux appellent à protester chaque samedi devant les mairies de France, cherchant à rallier des élus au mouvement. Quelques responsables politiques soutiennent actuellement le collectif, tel que le maire indépendant de Saint-Brès (Hérault), Laurent Jaoul, et le conseiller municipal LR de Caluire-et-Cuire (Rhône), Bastien Joint. Le groupe affiche également sa proximité avec la Ligue de défense des conducteurs (LDC), l’Union intersyndicale des entreprises foraines de France, et la Fédération des associations de commerçants et artisans parisiens.
Ce samedi, en lien avec la FFMC et la LDC, Les #Gueux appellent à manifester pour demander l’abolition des zones à faibles émissions. En plus de Paris et Lyon à 14 heures, des rassemblements sont prévus dans une quinzaine de villes en France. Les ZFE, récemment critiquées à l’Assemblée nationale, pourraient bientôt être abrogées. De nombreuses villes offrent déjà des exceptions, selon le gouvernement sur son site officiel.
Dans ce dossier délicat, le gouvernement cherche la souplesse. « Je déplore que ce sujet ait été récupéré par les populistes », a déclaré lundi sur 42mag.fr la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, promettant de défendre un « droit de circuler » afin que « chacun puisse trouver une solution ». Selon Santé publique France, la pollution de l’air est responsable de 40 000 décès annuels dans le pays.