D’après les propos de Laurent Frajerman, sociologue reconnu pour son expertise sur les mouvements sociaux, qui intervenait dans l’émission « La Matinale » ce lundi 26 mai, la récente mobilisation des agriculteurs visant à obtenir la suppression de certaines restrictions ne ressemble pas à celle qui a eu lieu en 2024.
Au cœur de nombreuses polémiques et après avoir suscité des milliers d’amendements, principalement venant de la gauche, la proposition de loi Duplomb refait surface dans les débats parlementaires. Ce lundi 26 mai, des agriculteurs, mobilisés sur les routes, ont prévu de se rassembler devant le Palais Bourbon pour appuyer l’adoption du texte, qui est examiné par les députés au cours de la journée. Ce projet vise à alléger certains impératifs auxquels la profession est soumise. « Les agriculteurs bénéficient d’une forte popularité, ce qui constitue un avantage majeur pour eux », analyse Laurent Frajerman, sociologue et historien spécialiste des mouvements sociaux.
« Les Français se reconnaissent plutôt dans le petit exploitant que dans l’agro-industrie »
Selon cet expert, les agriculteurs disposent « d’un capital de sympathie qu’il convient de préserver avec soin, ce qui implique un certain équilibre à trouver ». « Il est évident que si ces derniers passaient à un blocage total de Paris, […], l’opinion publique aurait une réaction sensiblement différente », indique Laurent Frajerman, qui souligne par ailleurs que contrairement au mouvement largement soutenu de l’année précédente, « on observe un retour du débat politique » entre les écologistes, la France Insoumise, préoccupés par les questions environnementales, et la France rurale.
Cependant, le sociologue rappelle également que les agriculteurs ne forment pas un groupe homogène et sont traversés par des divergences : « En réalité, les Français nourrissent une certaine nostalgie d’un passé agricole et s’identifient plutôt au petit exploitant qu’à l’agrobusiness », ajoute Laurent Frajerman.
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