On s’attendait à voir une photo illustrant l’engagement des Européens se rendant en Ukraine en train. Cependant, un simple geste a provoqué une confusion totale. Emmanuel Macron a été capturé dans une posture qui a semblé suspecte, suggérant qu’il dissimulait un objet. Les théoriciens du complot ont interprété cette image comme une preuve de la présence de cocaïne, poussant l’Élysée à intervenir. L’équipe de « L’Œil du 20H » a enquêté pour retracer l’origine de cette rumeur infondée qui s’est propagée rapidement.
Vendredi 9 mai, 23h35. Le président de la République française embarque dans un train en direction de Kiev. À ses côtés, les dirigeants britannique et allemand se joignent à lui pour une rencontre officielle. On les voit s’installer, et Emmanuel Macron glisse un mouchoir dans sa poche.
Parcours d’une rumeur mensongère
Le lendemain, aux alentours de midi, une vidéo de mauvaise qualité est diffusée sur le réseau social X, suscitant des interrogations chez les internautes.
Publication X de @jon_delorraine
Certains utilisateurs analysent la vidéo de près, en utilisant des zooms flous, et prétendent apercevoir un paquet de drogue ou un dispositif pour consommer de la cocaïne sur la table.
Ce soupçon est repris par des comptes conspirationnistes et des figures politiques françaises, telles que Nicolas Dupont-Aignan.
Publication X de Nicolas Dupont-Aignan
Nous avons contacté ce triple candidat à la présidence pour comprendre sa démarche. Il a refusé de nous donner une interview filmée. Par téléphone, il se contente de dire : « Je pose une question. On peut encore poser des questions en démocratie, n’est-ce pas ? »
L’affaire fait rapidement le tour du monde, relayée notamment par le célèbre complotiste américain, Alex Jones. Il adresse à ses 4,4 millions de followers le message suivant :
« Cela ressemble à de la cocaïne, et ils ont tous l’air d’être dans un état second, comme des sapins de Noël ! »
Alex Jones, vidéaste conspirationnisteVidéo sur sa chaîne Telegram
Cette fausse information est également relayée en Russie par la porte-parole du ministère des affaires étrangères. Selon Tristan Mendès-France, expert de ces phénomènes de désinformation, « il ne fait guère de doute que la Russie a tenté de tirer parti de cette viralité émergente sur le net, cherchant clairement à exagérer la situation pour attiser les tensions. «
Réaction spéciale de l’Élysée
Voilà des années que des montages vidéo prétendent prouver que le président français consomme de la drogue, cependant, il n’y avait eu jusqu’ici aucune réaction officielle. Cette fois, l’Élysée réplique avec ironie dans une publication sur X.
Une équipe de surveillance présidentielle est chargée de scruter les réseaux sociaux à la recherche de potentielles fausses informations. La décision de répondre dépend de la viralité et de la gravité de la rumeur, une stratégie nouvelle pleinement assumée.
« Sans initiative offensive, nous courons le risque que ces fausses informations soient perçues comme des vérités par de nombreuses personnes ! »
Un conseiller de l’Élysée
Mais cette nouvelle riposte aura-t-elle vraiment un impact ? Le lendemain de la publication du démenti par l’Élysée, la fausse rumeur continuait d’être massivement diffusée sur les réseaux sociaux.
Nos sources incluent :
Interview de Tristan Mendès-France : essayiste, chroniqueur et enseignant au CELSA, à l’université Paris-Cité et à la Sorbonne-Nouvelle. Collaborateur de l’Observatoire du conspirationnisme, il est spécialiste des cultures numériques et étudie les mécanismes des fausses informations et de l’extrémisme en ligne.