Sophie Primas a déclenché une vive controverse au sein des partisans du président en tenant des propos considérés comme un blasphème, évoquant la possible « disparition » du macronisme. Cette déclaration a suscité un grand émoi, précisément parce qu’elle remet en question des idées jusqu’ici considérées comme intouchables.
Le macronisme est-il destiné à durer éternellement ? Cette interrogation s’est imposée suite à la vive réaction des proches d’Emmanuel Macron à l’encontre d’une déclaration. Le déclencheur : une phrase prononcée le mardi 20 mai par Sophie Primas, une figure de Les Républicains, qui a avancé que la question n’était plus de s’opposer au macronisme, puisque ce courant politique devrait « probablement disparaître dans les mois à venir, avec la fin du second mandat d’Emmanuel Macron ». Une affirmation jugée sacrilège, provoquant rapidement la colère des soutiens du président.
La fin imminente ? « Certainement pas, ni maintenant, ni dans quelques mois, ni dans deux ans », a rétorqué avec force Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Ces propos ont été qualifiés de « regrettables » et « inacceptables » par plusieurs membres du gouvernement et parlementaires, et ont aussi été fermement dénoncés par François Bayrou. Même Sophie Primas a dû présenter ses excuses à Gabriel Attal, chef de Renaissance.
On vit déjà dans l’ère post-Macron
Il est vrai que la sortie de Sophie Primas manquait de tact et de finesse, surtout venant d’une ministre désignée porte-parole du gouvernement par le président lui-même. Néanmoins, l’impact de ses mots tient au fait qu’ils ont brisé en une seule phrase plusieurs tabous. Tout d’abord, concernant le débat central à l’Assemblée, le macronisme apparaît effectivement comme entrant dans sa phase terminale. Sans être en état critique, on peut l’imaginer dans une étape avancée de son déclin, que le principal intéressé estime à deux ans maximum.
Par ailleurs, l’intervention maladroite d’Emmanuel Macron à la télévision le 13 mai a révélé son manque de stratégie claire pour gérer la politique intérieure dans le temps qu’il lui reste à l’Élysée. En l’absence d’une doctrine et d’un programme idéologique bien définis, on peut raisonnablement douter que le macronisme puisse perdurer au-delà du second quinquennat. D’autant plus que, à l’approche des prochaines élections, les éventuels successeurs cherchent à prendre leurs distances avec le président sortant et son bilan, certains ayant déjà amorcé ce mouvement.
Le socle commun : une construction fragile
Enfin, les propos de Sophie Primas ont permis de lever un malentendu : ce socle commun tant évoqué n’est en réalité qu’une illusion. Ce qui lie les acteurs de cette mouvance, ce n’est pas tant le macronisme lui-même — qui au contraire fracture ce groupe — mais un rejet partagé des deux autres camps politiques, la gauche d’un côté et l’extrême droite de l’autre. En définitive, cet ensemble ne se rassemble que dans la volonté de maintenir la gouvernance du pays et d’empêcher les forces opposées d’y parvenir.
On peut aussi comprendre que, dans sa volonté de rester au pouvoir, le macronisme a pris le risque de s’ouvrir aux ministres de droite, ce qui pourrait avoir précipité son déclin. Comme le démontre le succès de Bruno Retailleau à la tête du parti Les Républicains, la participation de cette droite au gouvernement lui redonne énergie et ambition — ambition qui ne consiste rien de moins qu’à enterrer le macronisme.