Trois jours après avoir perdu, George Simion, le candidat issu de l’extrême droite, a exigé que le scrutin soit annulé.
Selon Jordan Bardella, interrogé mercredi 21 mai sur France Inter, il y a eu de toute évidence des interventions françaises, notamment de la part d’élus hexagonaux, lors de la récente élection présidentielle en Roumanie. Ce constat fait suite à des déclarations du 14 mai de Pavel Durov, le créateur russe de la plateforme Telegram, qui a accusé Paris d’avoir tenté de s’immiscer dans ce scrutin. Ces allégations ont été reprises mardi par George Simion, candidat nationaliste sévèrement battu au second tour, qui a décidé de saisir la justice afin de demander l’annulation du vote en invoquant des « interférences étrangères », en particulier françaises. Alors que les services de renseignement français (DGSE) ont formellement démenti ces accusations, le gouvernement français a de son côté également rejeté ces allégations avec force.
Jordan Bardella insiste sur « la propension d’Emmanuel Macron à vouloir s’ingérer dans les scrutins étrangers », précisant qu’il y a eu, selon lui, « clairement des interventions de la France, du moins de certains élus français » en Roumanie. Il évoque notamment une phrase prononcée par Valérie Hayer, la responsable des macronistes au Parlement européen, qui avait déclaré : « Nous allons mener une campagne dynamique afin de garantir qu’un candidat pro-européen remporte la présidence roumaine », ce qui pose problème d’après Bardella. Le 10 mai, interrogée sur 42mag.fr, Valérie Hayer avait annoncé son intention de « conduire une campagne vigoureuse » en soutien au candidat centriste favorable à l’Union européenne, en prévoyant notamment « la tenue de réunions dans plusieurs pays, dont la France, afin d’encourager la diaspora roumaine vivant là-bas à prendre part au scrutin ».
Des ingérences selon des critères fluctuants
En novembre dernier, la Cour constitutionnelle roumaine avait invalidé un premier tour de la présidentielle à la suite de soupçons d’ingérences russes dans le processus électoral. Pour Jordan Bardella, cette situation illustre « une lutte contre les interférences appliquée de manière sélective ». Pour lui, « on a l’impression que certaines ingérences, celles favorisant la Commission européenne et l’Union européenne, sont tolérées ». Il affirme que « toutes les ingérences doivent être combattues sans exception », et déplore que, sur ce dossier, « la France, et plus particulièrement certains élus français, n’ont pas fait preuve de la hauteur ni de la retenue nécessaires ». Toutefois, il admet que des membres de son propre parti, le Rassemblement national, se sont rendus en Roumanie pour appuyer le candidat pro-russe George Simion.
D’autre part, Pavel Durov avait directement pointé du doigt le chef des services de renseignement français dans ses accusations. Jordan Bardella souligne la gravité de ces affirmations, jugeant que « cela exige qu’une enquête soit ouverte, permettant à toutes les parties impliquées de présenter leur version des faits et de s’expliquer ».