Mercredi, ils se rassemblent devant le ministère de l’Agriculture pour protester contre la décision de réduire les ressources et les effectifs enseignants. Cette mobilisation intervient malgré le fait que l’agriculture ait été reconnue comme un « intérêt général majeur », soulignant ainsi leur volonté de faire changer cette orientation.
Mercredi 21 mai, des manifestants venus de toute la France se sont rassemblés devant le ministère de l’Agriculture à Paris. Cette fois, ce n’étaient pas les agriculteurs eux-mêmes, mais les formateurs qui les encadrent. Des enseignants de l’enseignement agricole protestent contre la suppression de postes programmée pour la prochaine rentrée scolaire. Par cette mobilisation, ils souhaitent également attirer l’attention sur le décalage entre cette décision et les objectifs affichés par le gouvernement.
Deux mois après l’adoption de la loi d’orientation agricole, qui vise à porter le nombre d’agriculteurs à 500 000 d’ici dix ans, le constat est amer pour Thomas Depierre, enseignant en Corrèze et délégué du syndicat Unsa. « On ne discute pas de la nécessité d’augmenter de 30 % le nombre de diplômés issus de l’enseignement agricole pour répondre au défi du renouvellement des générations », précise-t-il. « Cependant, alors que l’urgence est reconnue, les moyens alloués restent insuffisants. »
« Un levier essentiel pour soutenir la relocalisation alimentaire »
En effet, les 800 établissements dédiés à l’enseignement agricole se verront retirer 45 postes équivalents temps plein en raison de contraintes budgétaires, explique le cabinet de la ministre de l’Agriculture. Corinne Fablet, représentante du syndicat Sud, rejette fermement cet argument : « C’est comparable à une suppression d’environ 4 000 postes à l’échelle du ministère de l’Éducation nationale, ce qui représente une réduction budgétaire significative. »
Cette baisse aura des répercussions concrètes dans les écoles concernées, comme au lycée agricole de Tours où enseigne Frédéric Chassagnette. « Les élèves des filières agricoles consacreront plus de temps à s’occuper des brebis qu’aux vaches laitières. On se retrouve contraints de faire des choix stratégiques et de réorganiser les formations, confie-t-il en tant que représentant de la FSU. Le problème majeur est notre invisibilisation alors que nous sommes l’un des éléments clés pour garantir la relocalisation alimentaire et la souveraineté alimentaire. » Les manifestants espèrent que ces postes seront rétablis pour la rentrée 2026, et ils ont pris la route vers Paris pour porter leur message directement à la ministre.