Annie Genevard apporte son appui aux agriculteurs, tandis que la FNSEA ainsi que les Jeunes agriculteurs préconisent la mise en place de nouvelles initiatives. Leur objectif est de continuer à faire pression sur les députés, qui seront chargés d’examiner le projet de loi dès le lundi 26 mai.
« Le gouvernement affirme son soutien à ce texte, fruit d’un débat au Sénat », a déclaré la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en appui à la proposition de loi Duplomb destinée à « alléger les restrictions dans l’exercice » du métier agricole, notamment en facilitant l’accès aux pesticides.
« Ce projet de loi est crucial pour les agriculteurs, car il cherche à éliminer certains obstacles à la production alimentaire », a-t-elle insisté, ajoutant que le secteur agricole « a de grandes attentes vis-à-vis de ce texte ». « Je rappelle que les agriculteurs sont avant tout des producteurs d’aliments. Et si nous ne désirons pas que nos enfants mangent demain uniquement des produits étrangers dans leur assiette, il est indispensable d’envoyer un signal clair aux agriculteurs pour qu’ils puissent produire », a-t-elle souligné avec force.
La proposition de loi, adoptée vendredi en commission par les députés, prévoit notamment de simplifier la gestion du stockage de l’eau et de faciliter l’accès aux pesticides. « Il ne s’agit pas d’un retour massif des pesticides, ni du retour des néonicotinoïdes », a tenu à préciser la ministre. « C’est avant tout la possibilité d’utiliser un néonicotinoïde, ou un composé proche, qui n’est pas comme les autres et qui est le seul à être autorisé dans toute l’Union européenne », a-t-elle ajouté, faisant référence à l’acétamipride. La commission a ainsi validé la possibilité d’une dérogation de trois ans à l’interdiction de ce produit, sous certaines conditions. Or, ce pesticide, dangereux pour les pollinisateurs, est interdit en France depuis 2018, mais demeure autorisé dans d’autres pays européens. Tandis que les apiculteurs alertent sur le risque de « tueur d’abeilles », les filières dédiées à la betterave ou à la noisette jugent urgent d’avoir accès à un moyen efficace de lutte contre les insectes nuisibles.
Rappel à la raison dans le débat
« Je souhaite insuffler un peu plus de rationalité dans ce débat », a souligné la ministre, plaidant pour « une approche plus mesurée ». « L’acétamipride est employé par les Français dans de nombreux insecticides domestiques, notamment dans les colliers antiparasitaires pour animaux de compagnie, alors pourquoi les agriculteurs ne pourraient-ils pas l’utiliser sous des conditions très encadrées ? », s’est-elle interrogée. « Quand leurs récoltes sont détruites par des parasites, et qu’un produit est disponible partout ailleurs en Europe sauf en France, comment voulez-vous qu’ils ne ressentent pas une colère légitime ? » », a justifié Annie Genevard, alors que la FNSEA et les Jeunes agriculteurs prévoient de bloquer des axes routiers dans le Nord lundi. Ces deux syndicats ont d’ailleurs appelé à « poursuivre les mobilisations » à partir du 26 mai, date à laquelle l’Assemblée nationale commencera l’examen de la proposition de loi portée par le sénateur LR Laurent Duplomb, visant à « lever les contraintes » pesant sur les agriculteurs.