Deux départements français ont été accusés de ne pas avoir empêché les enfants de tomber dans la prostitution. L’État français et les services individuels partagent la responsabilité des services de protection de l’enfance, qui ont été accusés depuis plusieurs années d’échec de leurs obligations.
Mercredi, deux avocats ont déclaré avoir demandé à deux des départements français un examen administratif de leurs services de protection de l’enfance, pour ne pas protéger les enfants qui sont tombés dans la prostitution.
«Il s’agit d’un scandale au niveau de l’État», a déclaré Michel Amas, avocat de Marseille qui a déposé l’avis avec le département Bouches-du-Rhone dans le sud-est de la France.
Lui et son collègue avocat Olivier Le Mailou, qui ont déposé une demande de révision similaire au département d’Enne au sud de Paris, ont envoyé des lettres aux présidents des départements, détaillant les cas de deux mineurs placés avec l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), ou un service social pour enfants, qui était devenu des prostituées.
« Il est inacceptable en France aujourd’hui pour que les jeunes de 12 ans se prostituent sous la protection de l’État », a écrit AMAS.
Supervision minimale
Quelque 396 900 mineurs sont en charge de l’ASE, après que les juges les ont retirés de leur famille en raison du danger ou de la négligence.
L’AS est administré au niveau départemental, et certains enfants – en particulier les adolescents plus âgés – ne sont pas mis en famille d’accueil, mais sont hébergés dans des hôtels ou des abris, où les défenseurs disent qu’ils se retrouvent avec une supervision minimale.
« Dans chaque refuge, il y a des filles qui se prostituent. Ils se prostituent parce qu’il n’y a pas de supervision », a écrit Amas.
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«Ils quittent leur abri le soir, ils obtiennent de l’argent, de nouveaux vêtements… et à aucun moment les services sociaux ne transmettent les informations afin que nous puissions y remédier dès le départ.
«Nous lançons cette alerte parce que nous n’avons aucune arme contre cela, ce qui implique des milliers d’enfants en matière de soins.»
Après l’envoi des lettres, le président du Département d’Essonne a annoncé une enquête administrative et a réaffirmé que la protection des mineurs était une priorité.
Un système sous pression
Les deux avocats ont déclaré que le problème va au-delà de ces deux départements. AMAS a indiqué qu’un appel préliminaire similaire serait déposé auprès du département des Yvelines, à l’ouest de Paris, à une date ultérieure.
Selon un rapport publié début avril par une commission d’enquête parlementaire sur l’ASE, quelque 15 000 enfants à leur charge sont victimes de prostitution.
L’ASE est sous pression depuis plusieurs années, confrontée à une baisse des budgets, à une pénurie de travailleurs sociaux et à l’épuisement professionnel de ceux qui travaillent sur le terrain.
« Il y a un grand nombre de dysfonctionnements dans le système de protection de l’enfance, et pas seulement le non-respect des décisions de justice », a déclaré à 42mag.fr à 42mag.fr, une militante des droits des enfants qui a rédigé un livre détaillant les abus qu’il a subis dans les soins.
«Aujourd’hui, il y a des abus institutionnels généralisés, où les enfants sont pris en charge dans des conditions très médiocres, avec une surcharge extrême Cela peut parfois être énorme. Dans le département Dordogne, par exemple, les abris ASE ont une capacité de 140%. »
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Le gouvernement et les départements ont reconnu les lacunes, mais passent régulièrement dans le domaine, les ministères affirmant que les coupes budgétaires les empêchent de remplir leurs obligations, en particulier face à un nombre croissant de mineurs étrangers non accompagnés arrivant en France.
La France fait face à une plainte déposée auprès du Comité des Nations Unies sur les droits de l’enfant pour «violations graves et récurrentes» des droits des mineurs confiés à l’ASE.
Ce comité, composé de 18 experts indépendants, n’a aucun pouvoir d’application, mais les pays ratifiants ont accepté, en principe, de respecter ses recommandations.