Selon les informations dévoilées par France Inter, l’AFP ainsi que Le Monde, elle porte des accusations contre le maire, ancien chef du gouvernement et prétendant à la présidence en 2027. Elle l’accuse notamment de pratiques de favoritisme, d’avoir détourné des fonds publics et de s’être livré à du harcèlement moral. Ces allégations sont actuellement au cœur d’une enquête qui dure depuis un an et demi.
Une lanceuse d’alerte a récemment demandé qu’un juge d’instruction soit saisi dans le cadre de l’enquête portant sur la gestion de la Cité numérique du Havre durant la période allant de 2020 à 2022, selon des informations dévoilées lundi 23 juin par France Inter, l’AFP et Le Monde. Cette dénonciatrice, nommée Judith (prénom modifié pour préserver son anonymat), a formellement déposé une plainte avec constitution de partie civile. Cette initiative vise notamment le maire Édouard Philippe, qu’elle accuse de favoritisme, de détournement de fonds publics ainsi que de harcèlement moral.
Les accusations concernent précisément la gestion de la Cité numérique du Havre, un dossier déjà suivi par une enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier depuis environ 18 mois. Toutefois, Judith, qui s’exprime publiquement pour la première fois, souhaite que la procédure soit accélérée. Engagée en septembre 2020 par la communauté urbaine du Havre, cette Franco-Allemande diplômée de l’ENA devait superviser le suivi du projet Cité numérique. Dans ce cadre, une convention avait été signée entre Édouard Philippe et la présidente d’une association locale, également adjointe au maire. « Lorsque l’on a déjà travaillé dans une collectivité, on n’en croit pas ses yeux, le conflit d’intérêts apparaît pour moi comme parfaitement évident », déclare Judith. Elle dénonce par ailleurs une gestion peu transparente et un budget salarial très élevé en regard de l’activité modestement développée.
Plus d’un million d’euros de financements pour des espaces largement inoccupés
« L’endroit aurait dû être animé, avec de nombreuses start-up, entrepreneurs et sessions de formation, mais en réalité c’était presque désert… Je me rappelle même que, pour certains événements, on nous demandait de remplir les salles artificiellement pour donner l’impression, aux yeux des journalistes, qu’il y avait plus de monde », relate-t-elle. Sur une période de deux ans, cette association a perçu plus d’un million d’euros en subventions. Face à cela, Judith a alerté sa hiérarchie ainsi que certains élus. « J’étais persuadée qu’Édouard Philippe apporterait une réponse, mais je n’ai jamais obtenu la moindre explication », ajoute-t-elle. « J’avais l’impression de révéler des faits que personne ne voulait véritablement affronter, et on me reprochait constamment d’en parler ».
Après un arrêt maladie, son contrat n’a pas été renouvelé. Son avocat, Jérôme Karsenti, réclame que l’enquête soit menée par des juges d’instruction indépendants. « Je serai très direct : je pense que le Parquet national financier est paralysé par une sorte de « syndrome Fillon », et qu’il est réticent à progresser dans des enquêtes concernant d’éventuels candidats à la présidentielle », estime l’avocat. Cependant, le PNF continue de poursuivre des investigations impliquant d’autres candidats potentiels et affirme que celle-ci se poursuit conformément aux procédures.
Contactés par France Inter vendredi, l’avocat et la chargée de communication d’Édouard Philippe n’ont pas donné suite. Le Défenseur des droits a reconnu officiellement Judith comme lanceuse d’alerte. Cette décision a été contestée par la communauté urbaine devant le tribunal administratif.